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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

JAKOVSKI Anatole, « Joan Miró par Anatole Jakovski », Cahiers d’art, Bulletin<br />

mensuel d’actualité artistique, Paris, Cahiers d’art éd., n°5 - 8, 1934, p.5-8.<br />

Cet article publié dans les Cahiers d’art est le deuxième écrit qu’Anatole Jakovsky consacre<br />

au peintre catalan. Il lui a en effet dédié un essai dans la plaquette publiée en 1933 à<br />

l’occasion de l’exposition organisée à la galerie Pierre.<br />

Quelques lampions de papiers et quelques tables de marbre, - les lampions annoncent<br />

déjà l’arrivée du soir, les couples, femmes et hommes, tournent sans arrêt – c’est la danse,<br />

c’est la gaîté, c’est la joie de dimanche, c’est un bal, comme tous les autres, - c’est un bal au<br />

Moulin de la Galette, arrosé par les derniers confettis du soleil déjà agonisant, vert jaune et<br />

bleu.<br />

Signé Renoir. La date : 1876.<br />

L’homme ne se contente plus de la constatation passive de la vie, de l’enregistrement<br />

automatique de ses manifestations extérieures. La vision immédiate et instinctive, la fixation<br />

instinctive et immédiate de cette vie furtive cède lentement place aux images recrées, aux<br />

tableaux – actes poétiques, aux tableaux volants et insaisissables se perdant dans les plis de la<br />

pleine nuit. Mais aussitôt le contact avec cette vie une fois perdue, aussitôt que l’image<br />

instantanée de cette vie est devenue inutile, l’instinct pictural s’atrophie, l’instinct<br />

préconscient et encore heureux est obsédé par l’angoisse de cette perte, de la perte irréparable<br />

qui le pousse impérativement vers l’analyse soucieuse du bonheur, vers l’analyse de la<br />

jouissance primaire, vers la genèse de la création et de l’art à la recherche de cet instinct<br />

perdu. A la recherche des traces de bonheur disparu.<br />

La raison humaine a précipité et décomposé les rayons du soleil, son « ciné-œil »<br />

découpe la nature en cadres, son œil « mobile » s’approche trop près des objets qu’il examine<br />

et ils perdent successivement leurs contours, leur matière, leurs structures. La peinture<br />

devient, en fin de compte, le grand jeu des formes et des couleurs autonomes.<br />

De Renoir à Miró, de la dernière réalité vue par l’homme jusqu’à la première surréalité<br />

créée par l’homme, de la vie banale jusqu’à l’imagination suprême, de la vision absolument<br />

normale jusqu’à cet espace invisible saturé d’imprévu, qu’une goutte de plus, une larme de<br />

plus, provoquent les violentes explosions de délires ; entre ces deux peintures, il n’y a qu’un<br />

trait : et ce trait raille tous les « Ismes » de l’art dit « Modern », d’ailleurs comme tous les<br />

traits de Miró : simples et naïfs, qui affirment et favorisent l’existence du néant. C’est un<br />

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