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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

C’était une longue bâtisse en planches, torride en été, glacière en hiver, située le long des<br />

voies ferrées de l’ancienne gare Montparnasse et qui appartenait aux Chemins de Fer, de sorte<br />

que le bruit des fourchettes et des couteaux était couvert la plupart du temps par un incessant<br />

va et vient de locomotives à vapeur, accrochant et décrochant des wagons de marchandises.<br />

De l’autre côté, s’amorçait une branlante passerelle, en bois également, du haut de laquelle<br />

Albert Marquet peignit ces mêmes trains en partance, celle qui menait tout droit à cette partie<br />

de la rue du Château décrite en 1879 par J.K. Huysmans dans son livre Les Sœurs Vatard où<br />

se trouvait au numéro 54 l’un des berceaux du Surréalisme: le fameux phalanstère habité par<br />

Prévert, Tanguy, Thirion, Marcel Duhamel, le futur inventeur de la « Série Noire » et même,<br />

provisoirement, par Aragon et Elsa Triolet.<br />

A l’autre bout de Paris, au pied du Sacré-Cœur, existait un restaurant semblable, le « Cercle<br />

Ronsard » à fréquentation disons plus douteuse composé de vagues chanteuses et<br />

d’accordéonistes au chômage, de rapins aux foulards criards de la place du Tertre et de leurs «<br />

dames » aux œillades prometteuses. Mais allez savoir ce qu’ils faisaient tous et toutes<br />

réellement dans la vie ? Je n’y ai mis les pieds qu’une seule fois, en rentrant de chez Valmier<br />

qui habitait dans les parages; Au diable Vauvert, pour moi.<br />

Bizarre, bizarre, comme les gens ont la mémoire courte !<br />

Comment se fait-il, en effet, que parmi tous ceux qui ont passé par le « Cercle François<br />

Villon » ne serait-ce qu’une fois dans leur vie, les Max Ernst, Brassaï, Henry Miller, Gilioli,<br />

Pignon, Estève, Bryen, pour ne nommer que les plus connus, mêlés à une invraisemblable<br />

« Cour des Miracles », des êtres faméliques de tous âges, jeunes et vieux, français et<br />

étrangers, les uns dans l’attente de percer, les autres définitivement hors du jeu, les vaincus de<br />

la débâcle de l’Ecole de Paris, les ratés résignés du Dôme et de la Rotonde, eh oui, comment<br />

se peut-il que personne ne s’en souvienne, que personne n’en parle ? Il est vrai qu’en ce qui<br />

concerne ce dernier (Bryen), il passait le plus clair de ses journées là-bas à jouer au pingpong,<br />

ne se doutant certainement pas qu’il allait être sacré peintre dans la confusion combien<br />

permissive de la seconde après-guerre. Il a fallu qu’il se mette en ménage avec une suissesse,<br />

une amie de Sophie Täuber, la femme de Arp, et que, de fil en aiguille, cette fréquentation lui<br />

donne des idées. Sa première toile à l’huile remonte à 1948 d’après G. Mathieu (De la révolte<br />

à la Renaissance).<br />

Les spectacles qu’on y voyait de temps en temps en valaient cependant la peine.<br />

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