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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

remarquera que ce sont là les plus humains, les plus « Français » des cubistes, comme dira<br />

plus tard André Lhote.<br />

Mais que disait-il en substance, cet article de Jacques Rivière ? « Cette première<br />

exposition d’un jeune artiste d’abord inquiète. Tant d’œuvres, et si diverses, n’indiquent-elles<br />

pas qu’à leur auteur manque cette préoccupation obstinée qui fait le génie ? N’y a-t-il pas là<br />

trop d’application à ne pas se répéter, un effort trop habile pour atteindre la richesse par la<br />

différence ?<br />

« Méfiance légitime mais qui ne survit pas à un examen tant soit peu attentif ; ce n’est<br />

pas ici la diversité calculée, entreprise d’un artiste qui s’emploierait à distribuer entre ses<br />

toiles une parcimonieuse originalité. C’est au contraire celle de quelqu’un que la continuité<br />

même de sa recherche oblige sans cesse à tout remettre en question. 3<br />

« Sa volonté est si bien fixée, son propos est si net que jamais il ne se persuade d’avoir<br />

touché son objet et qu’à chaque instant il découvre toute une nouvelle manière qui l’en va<br />

approcher davantage. Son abondance ne déconcerte plus si l’on comprend qu’elle est la<br />

poursuite sans découragement d’un idéal qui, – toujours se raffinant – à mesure qu’il est de<br />

plus près assailli, se fait plus inaccessible. La disparité de ces styles, l’imprévu de tout ce qu’il<br />

invente, viennent de la monotonie même de son intention, et, si l’on peut dire, de son<br />

entêtement. »<br />

Mais que cherche Lhote ? Il a hérité de Cézanne l’amour de la construction. Rien ne<br />

l’émeut autant que l’agencement des objets, rien ne lui semble plus beau à représenter que la<br />

façon dont les choses sont faites, que la répartition de leurs plans, que les visages différents et<br />

joints qu’elles offrent à la venue innombrable de l’air.<br />

Sa diversité… son abondance… Voilà, donc, ce qui rebutait le plus les cubistes<br />

orthodoxes et les commentateurs attitrés de cette école. Il est vrai que le but poursuivi par<br />

notre peintre est complexe : il s’agissait pour lui de concilier ces éléments ennemis : le clair<br />

obscur et la couleur. Il est difficile pour un peintre de 20 ans de mener ensemble la recherche<br />

des formes et celle des teintes plus ou moins saturées. Par honnêteté technique, André Lhote<br />

se vit à cette époque dans la nécessité d’abandonner momentanément la couleur vitrail.<br />

Toutefois, la gamme grise des cubistes lui paraissait trop froide, trop abstraite. Sa couleur,<br />

quoique rabattue, demeura chaude et contrastée. De même, dans ses constructions rectilignes,<br />

s’affirma doucement la survivance de la courbe, cette courbe inimitable de Lhote qui est grâce<br />

et souplesse.<br />

3 C’est moi qui souligne (Note de l’auteur).<br />

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