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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

blanc prodigieusement lumineux du fond et aboutit à un glissement de couleur et de ton qui<br />

s’insère au passage dans un élément dur.<br />

Hélion n’a pas trente ans. Il est rempli de force. L’histoire travaille avec des brouillons et des<br />

ratures. Lui aussi.<br />

Dans les lignes de ses œuvres récentes on peut lire l’avenir de son style mais il faut déjà<br />

souligner son étonnant pouvoir d’optimisme. Vues à travers les tableaux d’Hélion, les fenêtres<br />

grises ouvertes sur l’enchevêtrement des rues grises de Paris s’éclairent, s’élargissent,<br />

prennent un sens, développent un espoir.<br />

A tout le vague, à toute la confusion, à tous le pathos, le bizarre et le compliqué, il oppose une<br />

image de joie.<br />

A demi-réveillé, on ouvre un matin la fenêtre : le bleu éblouissant tacheté de nuages remplace<br />

tout à coup les restes du sommeil – c’étaient peut-être des baisers, les coulisses baroques des<br />

paysages déchirés, des poursuites effrénées. Mais voici qu’il ne reste que cette couleur unique<br />

qui va instaurer et dominer tout une autre existence.<br />

Bleu. Fraîcheur. Un cri d’oiseau.<br />

C’est Mirô. Lui seul peut rassembler les sens et les intervertir, répondre au<br />

regard par l’odeur, au toucher par des sons, les transformer, les mélanger, les réunir et les<br />

comprimer tous ensemble jusqu’à ce qu’il ne demeure qu’une couche uniforme et très légère<br />

de couleurs, avec une tache infiniment petite et une énorme.<br />

Quelques traits.<br />

Le reste ne compte pas.<br />

Mais lui, il ne peint jamais bleu-ciel, rose-amour, ni noir-chagrin. Le registre<br />

de ses sentiments est infiniment plus complexe. Ce sont toujours des sentiments de grand<br />

format poussés jusqu’à leurs extrêmes limites. L’optimisme et le pessimisme éternels sont les<br />

personnages de ses tableaux.<br />

Il change aisément l’éclairage de ses journées. Il les peint en jaune ou en gris selon ses idées.<br />

Quoiqu’il ait dit, les couleurs de Mirô n’ont rien à faire avec la magie noire.<br />

Sa palette ne rassemble pas les chromos habituels. Il peint avec un spectre de subconscience,<br />

avec une seule tonalité qui contient l’indisséquable unité de tous les composants de notre vie.<br />

Il revient ainsi à la source du langage plastique.<br />

Il se souvient de l’enfance de l’humanité, quand il n’existait peut-être qu’un mot et que ce mot<br />

exprimait tout. Il retrouve la vision du nouveau-né, le premier protoplasme de conscience où<br />

le monde visible oscille entre le néant et les amours futures, ou il n’y a que quelques traces de<br />

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