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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

vision sans intermédiaires, d’une sensibilité extrême – sans doute de son village natal du<br />

Nord, de sa réterie rurale, qui n’était pas encore éteinte ni déformée par les fumées de Paris.<br />

Le Salon des Indépendants à cette première année de Herbin représentait déjà un<br />

carrefour artistique. Les grands novateurs et précurseurs de la peinture moderne, Seurat et<br />

Van Gogh, ont déjà depuis longtemps exposé ici leurs dernières toiles, morts dans le siècle<br />

précédent.<br />

Les artistes de ce siècle nouveau n’ont vu que les grandes expositions rétrospectives et<br />

posthumes. Cézanne également, qui a exposé ici à la veille de sa mort, se retire bientôt et<br />

n’expose plus les dernières années de sa vie.<br />

Le nombre des exposants, croissant progressivement, a contribué ainsi à la décomposition<br />

rapide de cette société, envisagée à sa naissance comme une plate-forme d’avant-garde<br />

artistique, mais qui, aussitôt, cédait ses positions, baissant peu à peu le niveau de sa qualité, se<br />

transformant automatiquement en un salon presque officiel réservé pour les épigones de<br />

l’école post-impressionniste. Il reprit cependant encore une fois, provisoirement, sa vie parce<br />

qu’il y avait la jeunesse, la génération de Herbin qui portait déjà en soi la future et dernière<br />

révolution, le Cubisme. Ce changement radical de la vision humaine qui a manifesté ici ses<br />

premières découvertes ; Herbin en fut un des premiers. Les symptômes de ce brusque<br />

changement de sa méthode créatrice s’observent déjà dans ses tableaux de 1908 et surtout de<br />

<strong>1909</strong>. Surtout en <strong>1909</strong> où la nature perd pour la première fois les prérogatives de son<br />

inviolabilité. Successivement, elle se comprime, se serre et devient plus schématique. Le libre<br />

cours des nuées d’autrefois devient maintenant une dérivée des arbres ou des toits. Les arbres<br />

eux-mêmes, leurs feuillages abondants forment des étranges dessins magnétiques, les vagues<br />

concentriques des couleurs qui deviennent plus éclatantes, plus puissantes encore, qui<br />

n’obéissent qu’à leurs propres rythmes dictés par Herbin et trouvés par lui. En même temps<br />

que les tâches minces et débiles de son pinceau d’hier s’allongent, s’agrandissent et dépassant<br />

les limites de la figuration nous offrent les premiers projets des vastes surfaces d’une couleur<br />

uniforme. Ils tendent à devenir des éléments autonomes. La figuration humaine n’échappe pas<br />

au sort de cette stylisation. Les nombreux portraits de cette période ne diffèrent pas, d’après<br />

leur technique, des autres genres picturaux pratiqués par Herbin. Ainsi, perpétuellement, vers<br />

le géométrisme intégral, vers l’harmonie calculée toujours plus large et à la recherche de la<br />

vérité absolue, avance son art vigoureux et plein de force. Approximativement jusqu’à l’année<br />

1912, où il se trouve en plein cubisme, au zénith de la méthode analytique qui dissèque les<br />

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