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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

modernise, que les traversées deviennent moins longues et les loisirs, par conséquent, plus<br />

limités. Les heures de fignolage commencent à être comptées.<br />

Cet art ne connaît d’ailleurs pas de frontières. Les bateaux peints par les Anglais ou les<br />

Américains ressemblent étonnamment à ces mêmes bateaux peints par les Français ou les<br />

Italiens. Et pour comble : la mer, toujours stylisée, a quelque chose des estampes japonaises !<br />

Chez les latins aussi bien que chez les Anglo-Saxons…<br />

Nous sommes donc en présence d’une stéréotypie, car le marin qui peint ses bateaux ne les<br />

improvise pas. Il ne les peint jamais d’après nature. Il les fait à bord, ou chez lui. Au départ, il<br />

n’a qu’une seule image mentale d’un bâtiment qu’il s’agit de réaliser en travaillant. Et il<br />

l’exécute selon les règles apprises et un savoir-faire spécial transmis de génération en<br />

génération. Il n’a, non plus, rien d’un naïf terrien auquel on le compare le plus souvent. Il<br />

s’apparente plutôt aux imagiers d’autrefois qui avaient, eux aussi, et les canons, et les modèles<br />

à reproduire. Seule la mer change un peu, tantôt calme et ensoleillé, tantôt sombre et<br />

houleuse. La mer et les nuages… Là, il donne, enfin, libre cours à son inspiration.<br />

Souvent, il prend même le soin de faire le point et de préciser la position du navire ; la<br />

latitude, la longitude, les vents, les nuages (cumulus ou stratus) ainsi que la situation<br />

atmosphérique en général qu’il inscrit méticuleusement sur le dos du tableau. Presque tous les<br />

ex-voto des côtes normandes et bretonnes sont exécutés de cette façon-là. Une Vierge,<br />

stéréotypée, également, s’ajoute alors dans un coin quelconque du tableau. Je dis presque, car<br />

il y a des exceptions, bien sûr, et c’est là qu’intervient une autre source de cet art, celle qu’on<br />

pourrait qualifier de naïve. Ceux- là, qui ne sont passés par aucun atelier flottant, ne se<br />

soucient plus de l’exactitude du bâtiment à représenter. Ils se contentent de son symbole ;<br />

c’est le bateau, et non un trois-mâts un tel, et tant de tonneaux, en route vers… au large de la<br />

côte de…, etc. Le côté documentaire manque nécessairement remplacé par le drame ou la<br />

poésie de la situation. C’est le naufrage. Ou la pêche. Deux tableaux du Douanier Rousseau,<br />

Orage sur mer et bateau et Le paquebot (N os 61 et 65 du livre de Roch Grey, éditions<br />

Drouin), peuvent servir de tableaux-types pour cette catégorie qui est d’ailleurs bien plus<br />

restreinte que l’autre. Souvent, la maladresse l’emporte et déborde à tel point que leurs<br />

œuvres s’approchent de l’Art Brut plus que d’autre chose. Tout est bon alors, les coquillages,<br />

les morceaux de liège, les bouts de ficelle, la tôle et le ciment. Un certain Jean-Jean de<br />

Vendée, enfant trouvé, né en 1877 et élevé à l’Assistance Publique, illustre parfaitement ce<br />

cas. Il s’engage à dix-huit ans dans l’infanterie coloniale et reste en Indochine après sa<br />

libération. De son retour en France à soixante-cinq ans, désespéré, inadaptable, il passe le plus<br />

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