anatole jakovsky (1907/1909 ? â 1983) - Bibliothèque Kandinsky
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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />
l’Inquisition et qui n’étaient, en réalité, que de simples malades mentaux ? D’où la disparition<br />
totale de leurs œuvres, détruites irrémédiablement au cours des âges, parce qu’inspirées par le<br />
Malin ?<br />
Cette désolante condition des handicapés mentaux ne prit fin, cependant, qu’avec Philippe<br />
Pinel, médecin français (1745-1826), le premier au monde à avoir osé, en homme de science,<br />
remplacer le mot « Malédiction » par le mot « Maladie », de même que le traitement par la<br />
violence répressive, par la patience, la douleur et la pitié. Le jeune Sigmund Freud devait<br />
passer maintes fois devant son monument en bronze verdi – c’est la manière de blanchir, donc<br />
de vieillir des statues ! – érigé à l’entrée de la Salpêtrière, lorsqu’il se rendait aux cours du<br />
professeur Charcot, l’un des phares de ce temps, l’apôtre de la guérison de l’hystérie féminine<br />
par l’hypnose et la suggestion. Freud y a trouvé le point de départ pour sa psychanalyse,<br />
tandis que l’Italien, Cesare Lombroso, cherchait à peu près au même moment, à démêler les<br />
liens entre la criminalité et la folie.<br />
La folie était donc à la mode… En <strong>1907</strong>, paraît au Mercure de France, « L’art chez les fous »,<br />
par Marcel Reja, le premier livre sur la question, mais son audience fut sans lendemain. Non,<br />
la première étude réellement scientifique date seulement de la publication, par H. Prinzhorn,<br />
en 1922, de son livre fort important, « Die Bildnerei der Geisteskranken », basé sur l’analyse<br />
de dix imagiers schizophrènes découverts par lui dans une énorme collection des œuvres du<br />
même genre, réunie à Heidelberg, et qui a fait beaucoup de bruit.<br />
Sur ses brisées, Morgenthaler se penche sur le cas d’un schizophrène suisse Wölfli, et lui<br />
consacre la première monographie qui ait jamais été écrite sur un malade mental. Jacqueline<br />
Porel étudie Aloyse, une malade également suisse. A. Bader publie : « L’art moderne et<br />
schizophrénie » ; Robert Volmat : « L’art psychopathologique » : Léo Navratif :<br />
« Schizophénie und Kunst », et caetera, et caetera.<br />
A l’occasion du premier congrès mondial de la psychiatrie, s’ouvre à Paris, en 1950, à<br />
l’hôpital Sainte-Anne, la première exposition d’art psychopathologique, laissant beaucoup à<br />
désirer, mais on n’y pouvait rien. Le peintre Schwarz-Abrys, interné là-bas de son plein gré<br />
pendant l’occupation, afin d’échapper aux nazis en tant qu’israélite, se vantait d’avoir peint<br />
exprès quelques-unes des œuvres exposées pour pallier à la médiocrité de cette manifestation.<br />
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