27.10.2014 Views

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

même place que Picasso à Paris ; joue le même rôle, a la même importance pour l’art<br />

allemand.<br />

Picasso, comme les autres cubistes, achève la dissection de l’objet et de la nature, les<br />

remplaçant par des formes géométriques – <strong>Kandinsky</strong> qui n’a jamais connu l’objet, propose<br />

l’ascension directe de nouvelles formes, formes symboliques empruntées au monde des<br />

techniques et de la machine. Pour les cubistes la machine est la fin (F. Léger) – pour<br />

<strong>Kandinsky</strong> le début.<br />

Par des moyens mimétiques, par adaptation à l’environnement, certains cubistes<br />

réduisent chaque forme du corps humain aux limites de sa simplification – la cuisse d’une<br />

cheminée d’usine – <strong>Kandinsky</strong> essaie de remplir chaque forme géométrique, primaire et<br />

simple, avec de l’émotion humaine. Et pour les faire en conséquence atteindre au-delà de<br />

l’unique sensation purement visuelle. (Juste comme ils lisent : triangle, cercle, carré…)<br />

Avec les cubistes, l’infini essaye d’approcher cet exacte et invariable donnée, avec<br />

<strong>Kandinsky</strong> les données précises sont infiniment indéfinies.<br />

Et alors le romantisme industriel et l’industrie romantique, aube et crépuscule baignés<br />

dans la même lumière, se trouvent presque à égale distance de l’arrêt du type de l’art actuel<br />

qui est appelé pure forme – ou forme sans contenu.<br />

Si les tableaux cubistes sont des discours, panégyriques et oraisons funèbres, les<br />

travaux de <strong>Kandinsky</strong> sont musiques, nocturnes, élégies, rhapsodie. Ni l’un ni l’autre n’ont<br />

rien à faire avec ce blanc neutre et glacial – la zone polaire de la peinture qui se pose en tant<br />

que frontière naturelle entre eux.<br />

Aube et crépuscule baignés dans la même lumière, par la délicate et furtive dorure<br />

d’un soleil mental – les beiges des cubistes et l’or byzantin de <strong>Kandinsky</strong> – L’Heure du<br />

Berger, l’heure incertaine de la sagesse épicurienne du dix-huitième siècle, avec sa bergère –<br />

la Tour Eiffel – et le troupeau du matin sur les ponts.<br />

Ici, avec l’installation récente de <strong>Kandinsky</strong> à Paris, débute la troisième phase de son<br />

art. L’élément de sa création était toujours la lumière, ou plutôt la multitude des lumières des<br />

différents pays où il a vécu. Comme nous l’avons déjà vu, les lumières visuelles et<br />

l’illumination de l’âme coïncide dans son travail, achevant ainsi la synthèse des climats<br />

idéologiques de notre temps. Avec lui, chaque forme, chaque signe, existe seulement plongé<br />

dans une atmosphère sans limites, dans l’illumination de l’heure. Maintenant soudainement<br />

transporté à Paris, ils rencontrent l’enchantement des aubes, des couchers de soleil – son large<br />

jour de lumière.<br />

75

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!