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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

grottes ? De sorte que, qu’on le veuille ou non, nos musées commencent à Altamira et à<br />

Lascaux…<br />

Albert Camus prétendait que celui qui crée vit deux fois. Pour notre part, on serait plutôt<br />

enclins de penser l’inverse. A savoir que celui qui a le plus de chance de survie, ce n’est<br />

précisément pas l’artiste, mais tout bonnement ses propres modèles embaumés tantôt par la<br />

couleur, tantôt pétrifiés dans la glaise, la pierre ou le bois. Et c’est justement cette aspiration<br />

instinctive à la transcendance, doublée d’un besoin inné de vouloir sauver ce qui peut-être<br />

sauvé de l’oubli qui a déterminé là, comme partout ailleurs, le choix du portrait. D’un double,<br />

sinon d’une effigie quasi vivante. Présente. De plus en plus ressemblante. Obtenue non pas,<br />

toutefois, comme on coule un masque de plâtre sur le visage d’un défunt, mais tout le<br />

contraire : un peu comme un appareil photographique saisit l’instant et arrête les aiguilles des<br />

horloges. Sous cet angle là, des portraits funéraires copto-égyptiens aux daguerréotypes, il n’y<br />

avait plus qu’un pas. D’où cette galerie incomparable des trappeurs hirsutes, des juges<br />

sévères, des marchands rusés, des militaires intrépides, des épouses frigides et des bébés<br />

joufflus, qui illustre à merveille la Saga de ces temps-là, celle d’un William Faulkner, entre<br />

autres. Quel jeu de miroirs magiques ressuscitant à qui mieux mieux ce qui n’est plus, mais<br />

qui revit et revivra sûrement, tant qu’il y aura des hommes, dans nos songes et dans nos<br />

pensées !<br />

Aussi ce n’est pas par hasard non plus que quelques-uns de ces fantômes ont resurgi de nos<br />

jours dans les tableaux d’une naïve Américaine, Patricia Barton, tableaux que l’on appellerait<br />

volontiers, en paraphrasant François Villon : La Ballade des dames du temps jadis…<br />

En attendant, tous ces portraits étaient des œuvres de peintres autodidactes, lesquels, à l’instar<br />

des photographes ambulants, qui vont leur succéder à partir de la seconde moitié du XIX e<br />

siècle, continuaient d’aller ainsi de ville en ville, de village en village et de ranch en ranch, en<br />

quête de ces prétendants, de ces postulants à l’éternité.<br />

N’ayant rien appris et ne devant par conséquent rien à personne, on les a surnommés, faute de<br />

mieux « Linners » ou « Pionniers » et, un peu plus tard, « Primitifs » tout court, et c’est la<br />

raison pour laquelle le vocable « Primitif » est bien plus courant aux U.S.A. que le mot<br />

« Naïf ». Et pour cause. Primitifs, ils l’étaient vraiment au propre et au figuré, en pleine<br />

acception de ce terme, ne serait-ce que du fait qu’ils occupaient la place des nôtres, en jouant<br />

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