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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

instant le mur de la honte entre leur Dieu Rousseau et le reste de la gent naïve, sans le<br />

moindre contact avec la vie réelle, ne tenant absolument pas compte de tous ces changements<br />

et de toutes ces métamorphoses qui s’y opèrent. L’école de Hlebine les déroute. Le nombre de<br />

nouveaux naïfs, qu’ils ne connaissent que par les ouï-dire, leur fait peur. Ils en sont restés aux<br />

écrits, pas si nombreux que cela, de G. Apollinaire, de Jarry, d’André Salmon et de<br />

l’inévitable W. Uhde, vieux de plus d’un demi-siècle. Ils ne savent même pas que ce dernier<br />

n’était qu’un marchand.<br />

Cela dit, on continue comme si la terre s’était arrêtée de tourner une fois pour toutes, à<br />

ignorer non seulement la vie de Rousseau, d’autant plus que ce n’est pas le livre en question<br />

qui apportera quoi que ce soit de ce côté-là, mais aussi son œuvre, ce qui est bien plus grave,<br />

car c’est cette ignorance, précisément, qui a permis les attributions les plus invraisemblables,<br />

de même que le foisonnement de faux de ces dernières années. N’importe quelle croûte peinte<br />

entre 1850 et 1910, légèrement arrangée, devenait en un tournemain un authentique Rousseau.<br />

Un seul exemple suffit : « Le Paradis terrestre », dûment signé, pourtant, par Guiraud de<br />

Saint-Chignian, figure, comme si de rien n’était, dans ce même ouvrage !<br />

Il peut paraître incroyable, absolument inconcevable, quand on y songe, que personne,<br />

je dis bien personne, ni ses amis, ni ses admirateurs, ni ses marchands, dont ce même W.<br />

Uhde, ne se soit donné la peine de connaître Rousseau et n’ait cherché à apprendre davantage<br />

sur sa peinture. Ni Apollinaire, ni Jarry. Ce fait est significatif. Il témoigne que le pittoresque<br />

et l’anecdote, exactement ce que l’on reprochera par la suite le plus aux autres naïfs,<br />

prévalaient, et de loin, et sur son œuvre, et sur sa personne, le contraignant à rester aux yeux<br />

de ses proches comme une espèce de « Père Ubu » de la palette, tout au plus.<br />

La même chose s’est répétée pour le Facteur Cheval, personnage hors série, un<br />

créateur tout aussi important, beaucoup plus près de nous, cependant, et là, une fois de plus,<br />

on est obligé de se contenter de bavardages, de fables et de légendes. André Breton,<br />

admirateur déclaré de Chaval, aurait pu le faire, puisqu’il fut parmi les premiers à visiter son<br />

« Palais Idéal », mais non… Il s’est contenté de poser devant lui, - pour l’éternité !<br />

Maintenant, c’est trop tard. Beaucoup trop tard…<br />

Et c’est encore André Malraux, ministre de la Culture d’alors, qui l’a fait classer<br />

monument historique, et qui explicite le mieux son cas : « Qu’est-ce que le Palais Idéal ?<br />

C’est le seul exemple en architecture de l’art naïf. L’art naïf est un phénomène banal, connu<br />

de tous, mais qui n’a pas d’architecture. Lorsque vous allez à la Biennale de Paris où sont<br />

exposés actuellement entre six cents et mille tableaux, vous ne voyez de rassemblement que<br />

devant les œuvres naïves. LA vérité, c’est que l’art moderne en tant qu’art abstrait est à<br />

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