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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Toujours est-il que, malgré les atermoiements, les retards, la rogne et la grogne, mésaventures<br />

presque normales dans ce genre de choses, je me suis trouvé, à l’âge de 25 ans, l’auteur du<br />

plus beau, du plus cher et du plus recherché, puisque pratiquement introuvable, des livres de<br />

luxe parus entre-les-deux-guerres. Un chercheur allemand, le responsable du catalogue<br />

raisonné de l’œuvre gravé de <strong>Kandinsky</strong>, n’a pu recenser que cinq exemplaires connus, se<br />

trouvant dans les bibliothèques publiques de New York, de Washington, de Philadelphie, etc.<br />

Récemment, dans une vente aux enchères à Berne, il a atteint la somme de sept millions<br />

d’anciens francs !<br />

Somme dérisoire, prétendent les marchands de gravures spécialisées, ceux qui voient passer<br />

ces très belles planches séparées, Picasso, Miro, Max Ernst, Giacometti, Léger et j’en passe.<br />

Et à quels prix! Ce qui prouve que beaucoup d’exemplaires ont cessé d’exister, débitées ainsi<br />

à la pièce.<br />

Ici, je referme ma parenthèse, parce que c’est grâce à la parution de ce livre, racontée peutêtre<br />

un peu trop en détail, que j’ai découvert par le plus grand des hasards l’origine des<br />

rythmes circulaires de Delaunay.<br />

Je m’explique. Au moment des règlements de comptes, Fernandez, au lieu de me donner mes<br />

deux exemplaires d’auteur prévus dans nos conventions et de me payer mes droits, ne m’en a<br />

donné qu’un seul, tout en augmentant légèrement la somme due, en y ajoutant mes autres<br />

droits sur les articles publiés par son entremise, quelques deux ans plus tôt, à Barcelone, dans<br />

un très joli numéro spécial D’aci i d’alla, sous la couverture de Miró et orné d’un pochoir<br />

original de Miró également. A combien se montaient ces droits, à combien estimait-il la perte<br />

de mon second exemplaire, je n’en savais fichtrement rien, mais les quatre billets de cinq<br />

cents francs qu’il me tendait, toujours aussi grand seigneur, avaient de quoi m’éblouir. Deux<br />

mille francs! Un pactole, une véritable fortune…<br />

C’était l’été. Le commencement de la canicule. Paris se dépeuplait. Tous mes amis étaient<br />

déjà partis en vacances, et la chaleur de mon grenier devenait intenable. Pourquoi ne<br />

m’offrirais-je pas, moi aussi, un mois de vacances, mes premières depuis tant d’années? Et<br />

pourquoi n’irais-je pas en Bretagne, à laquelle je rêvais dès mon plus jeune âge? Je n’avais<br />

qu’à me procurer un vélo d’occasion. Pour le reste, je me débrouillerai sur place, bien que les<br />

hôtels étaient hors de prix, tandis que les auberges de jeunesse, implantées partout en<br />

Allemagne, étaient encore inconnues en France. Mais où aller? La Bretagne est grande,<br />

variée, la terre, les landes, les ajoncs, la mer…<br />

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