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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

desquels on s’étonne toujours de ne pas voir se balancer le corps d’un pendu, montait une<br />

garde aveugle devant la porte et la baraque…<br />

Mais cela suffit, n’est-ce pas ? Vous voyez le tableau ! Il ne manque que les catènes et<br />

les câbles… Quelle étrange coïncidence…<br />

Il n’y à pas à dire, cette description de Malet complète à merveille la toile de Hélion.<br />

Pourtant ils ne se connaissaient et ne se connaissent même pas.<br />

Ce qui les a fait découvrir et ce qui les a attirés, chacun de son côté, vers ces mêmes<br />

tréfonds encore balzaciens du quartier, c’est que, l’un comme l’autre, ils le connaissaient à<br />

fond, par cœur, l’ayant habité suffisamment longtemps. Malet, Villa Duthy (qui donne dans la<br />

rue Didot), le même immeuble que Jacques Prévert, puis au-dessus du « Majestic-Brune », à<br />

la Porte de Vanves, à côté des « Puces » de ce même nom. Pendant ce temps-là, Hélion,<br />

toujours sans le savoir, habitait la rue Pierre-Larousse, face à l’Hôpital Saint-Joseph.<br />

Mais ce n’est pas tout.<br />

A deux cents mètres à peine, à vol d’oiseau, de cette rue Blottière, et dans le même<br />

genre qu’elle, aussi vétuste, aussi pauvre et sordide, se trouve l’impasse Florimont, le fief de<br />

Georges Brassens, poète authentique et digne continuateur dans la ligne de son ancêtre<br />

lointain, maître François Villon. Il s’agit donc d’un autre berceau de notre réalisme moderne.<br />

C’est là, dans une masure sans étage, se lavant hiver comme été à la fontaine au milieu<br />

d’une cour minuscule grillagée, parmi les chats, les chiens, les oies et les poules, qu’il a<br />

composé ses meilleures chansons ; et la Cane à Jeanne, et celle de L’Auvergnat et les Bancs<br />

publics, et j’en passe, les seules chansons vraiment valables de notre temps, si pauvre en<br />

poésie.<br />

Au fond, on ne choisit pas ses demeures. Surtout quand on est pauvre. Il y avait toutes<br />

sortes de circonstances qui ont poussé ces artistes vers les endroits dont je viens de parler.<br />

Le cas de Rosny-Aîné n’est pas le même, bien sûr. Ce précurseur incontestable, bien<br />

que souvent ignoré, de cette fameuse Science-fiction qui nous est arrivée, sur le tard,<br />

d’Amérique, aimait le quartier d’amour. Et il a habité, lui aussi, d’abord la rue d’Alésia, au n°<br />

72 ; le 39 de la rue Didot, ensuite – toujours dans les mêmes parages. Il serait intéressant de<br />

savoir, d’ailleurs, dans laquelle de ces multiples demeures il a conçu son premier roman<br />

fantastique avant Wells. Il parle pas mal, dans ses premiers romans, du 14 e arrondissement. Il<br />

logeait également au n° 157 de la rue Saint-Jacques, avant de se fixer d’une façon plus<br />

durable près du square Kellerman (aujourd’hui le square du Docteur Bourneville), à la limite<br />

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