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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

peut. On secoue les pinceaux au-dessus des toiles, Dali les bombarde avec les éponges<br />

imbibées de couleurs, et Niki de Saint-Phalle peint à la carabine, crevant des vessies remplies<br />

également de couleurs, qu’elle prend sans doute pour des lanternes d’Ali-Baba. Quant à ses<br />

Nana, qui surgiront peu après de ces dégoulinades criardes, elle a vite trouvé le modèle de ces<br />

Venus monstrueuses dans les poupées mexicaines, obèses et difformes, portant les noms de<br />

Dolorès, Conchita, Isabel, et ainsi de suite.<br />

Pour en finir, je m’aperçois qu’il m’est difficile de ne pas revenir encore un instant au<br />

Dripping inventé par Pollock, et à ses boîtes de conserves percées d’où la peinture coule enfin<br />

de source, bien que André Masson, le véritable inventeur de ce procédé, l’avait employé dès<br />

ses premiers tableaux surréalistes, en faisant couler de la colle liquide qu’il saupoudrait<br />

ensuite de sable. L’un des avantages de ce procédé est, sans conteste qu’on peut se passer<br />

définitivement des brosses, des pinceaux, des chevalets, autres vétilles inutiles. Les chiffons,<br />

les mains et les pieds font aussi bien l’affaire. Génial et contagieux, dans tous les cas. Aussi,<br />

cette leçon de la peinture pédestre n’est pas tombée sans les exciter un brin dans les orteils<br />

désoeuvrés de Jean Christophe Averty, lequel entre ses deux Shows bafouillards à la<br />

Télévision, a aussitôt conçu et organisé dans une galerie de la rue Bonaparte toute une<br />

exposition d’œuvres exécutées uniquement de cette façon là, dûment présentée par un critique<br />

(?) complaisant de petit renom. Mais que durent en penser les malheureux estropiés qui<br />

passent un temps fou à fignoler gentiment des nature mortes et des paysages, qui avec la<br />

bouche, qui avec le pied, afin de gagner quelques sous, alors que les toiles malaxées en<br />

quelque sorte avec des pieds illustres, à la place des mains que les autres ne possèdent<br />

évidemment pas valent des prix d’or.<br />

Parfait ! Parfait… Mais encore ?<br />

Eh bien, détruire ! Anéantir par tous les moyens disponibles ce que l’on fait soi-même ou ce<br />

que les autres ont fait avant. Blesser, torturer, massacrer, assister aux dernières convulsions de<br />

la matière. Saisir, avec quelle gourmandise, ses râles…<br />

Rauschenberg en donne le ton en détruisant un dessin de son ami De Kooning.<br />

L’acte créateur cède alors la place à l’acte iconoclaste. Là encore, les suiveurs ne manquent<br />

pas. Pour un suisse, à qui je demande humblement pardon de n’avoir pu retenir son nom, ce<br />

même acte dit créateur, consiste précisément dans la mutilation à l’aide de ciseaux, des<br />

reproductions des œuvres d’art, parfois même des originaux des autres peintres connus et<br />

inconnus, sans grande valeur marchande, cela va de soi. Comme il doit jouir à les découper,<br />

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