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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

jalonnent leur affirmation au cours du XX e siècle. Mais cette filiation, fondée moins sur le<br />

style de Rousseau que sur un état de conscience analogue au sien, n’atteint pas la puissance<br />

qui se dégage de son œuvre. Car l’analogie n’est qu’apparente. Rousseau n’étale pas son<br />

innocence picturale. Il lutte au contraire avec lui-même pour acquérir ni plus ni moins<br />

l’adresse académique qui le fascine. Par là, son cas est étroitement lié à un moment historique<br />

et précis et ne peut, de ce fait, se reproduire. Aujourd’hui, aucune discrimination ne retranche<br />

plus les peintres naïfs. L’innocence devenue un "style", a détruit sa propre "force". » (sic !)<br />

En résumé, Rousseau est grand parce qu’il est Rousseau, et parce qu’il s’efforce<br />

d’imiter les anciens, quant aux naïfs, pardon, tous les autres naïfs, sans exception, ils<br />

n’existent pas parce qu’ils ont acquis une toute petite place au soleil, ce qui relève de<br />

l’usurpation pure et simple. C.Q.F.D. Le tour est joué, assez adroitement, il faut l’avouer.<br />

Mais que d’erreurs, que de non-sens, que de mensonges ! Sa seule excuse étant l’ignorance<br />

totale du problème des peintres naïfs, qu’elle ne connaît visiblement pas, jointe à l’ignorance<br />

non moins grande de l’œuvre de Rousseau lui-même, puisqu’elle base toute son évolution sur<br />

une certaine « Bataille de Champigny », œuvre de son homonyme… L’un des multiples<br />

mérites de ce colloque de Zagreb, Naivni 70, a été justement de constater à quel point ce genre<br />

d’idées reçues ont la vie dure et à quel point aussi, la plupart de celles et de ceux qui y ont pris<br />

la parole, dignes confrères et consœurs de Mme Vallier, n’entendaient rien, mais rien de rien à<br />

la question. De sorte que si on devait additionner les traits communs de leurs définitions<br />

préfabriquées, afin d’obtenit ce portrait robot, à la façon dont on procède dans toutes les<br />

polices qui se respectent, on aboutirait alors à un résultat plutôt ahurissant :<br />

1. Les naïfs sont des gens tout ce qu’il y a de modestes ;<br />

2. Ils subsistent petitement, si ce n’est pauvrement ;<br />

3. Ils sont vieux (pour la plupart) ;<br />

4. Ils sont un peu paranoïaques, un peu schizophrènes, un peu enfantins sur les bords,<br />

pour ne pas dire franchement demeurés ;<br />

5. Ils peignent modestement, de modestes intérieurs, de modestes paysages ;<br />

6. Le sujet préféré de leurs tableaux est le chat !<br />

Je n’invente rien, pourtant, je le jure ! A les entendre parler ainsi, on avait une impression<br />

bien nette de traquer une espèce rare, fabuleuse, à mi-chemin entre le Yéti, l’abominable<br />

homme des neiges, et le monstre du loch Ness !<br />

C’est que, même si cette espèce-là a existé jadis, en Occident, dans les temps<br />

préhistoriques de la peinture naïve, cette attitude prouve avant toute chose que, toutes et tous,<br />

ils continuent à vivre sur le passé, à miser sur cette ségrégation et à consolider à chaque<br />

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