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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Comment se fait-il, alors, qu’il ait fallu tant de temps pour le découvrir d’abord et le<br />

reconnaître ensuite en tant que peinture à part entière ? Çà, c’est une autre histoire, aurait<br />

répondu sans doute, selon son habitude Rudyard Kipling, passé maître dans l’esquive des<br />

questions embarrassantes. Non sans raison, d’ailleurs, parce que le jeu apparemment normal<br />

des tenants et des aboutissants de la peinture naïve se complique par la diversité des situations<br />

historiques, géographiques, ethniques, esthétiques, économiques et sociales présidant à sa<br />

naissance, ce qui fait que, absolument la même dans son essence, elle provoque des réactions<br />

fort différentes dans ses milieux ambiants.<br />

En ce qui concerne les Américains, ce furent, pour commencer les portraits. Oui, des portraits<br />

des femmes, des hommes et des enfants de toutes celles et de tous ceux qui, dans leurs<br />

chariots bâchés, n’ont jamais cessé de baliser en long et en large cette légendaire prairie, en<br />

s’enfonçant de plus en plus vers l’Ouest, vers les endroits les plus riches de cette nouvelle<br />

« Terre promise », tout en bâtissant sur leur passage des villes et des bourgades, des<br />

manufactures et des immenses exploitations agricoles et, ce faisant, fondaient des nouvelles<br />

dynasties et édifiaient une nouvelle société, bref inventaient un pays tout neuf, régi enfin par<br />

ses propres lois. Le président Lincoln l’a défini en quelques mots : « Le gouvernement par le<br />

peuple et pour le peuple ».<br />

Quoi d’étonnant dans ce cas-là que certains d’entre eux, vivant encore dans une ambiance très<br />

proche, au fond, de notre moyen-âge où l’existence humaine, si précaire, n’appartenant en fin<br />

de compte qu’à celui qui dégaine le premier, ne se soient pas sentis, au bout d’un certain<br />

temps dignes de passer à la postérité ? Décidés à laisser coûte que coûte une trace, aussi<br />

minime qu’elle soit, de leur passage sur la terre. L’art n’était-il pas fait pour conjurer la mort ?<br />

Du moins c’est ce que devaient croire nos lointains ancêtres en passe de se transformer en des<br />

« roseaux pensants » que nous sommes, vraisemblablement à ce moment décisif, quand, il y a<br />

entre une trentaine et une quarantaine de milliers d’années environ, en découvrant soudain<br />

qu’ils étaient mortels, ils se sont mis à combattre aussitôt ladite mort par tous les moyens<br />

appropriés, par les artifices de la peinture notamment. Les uns, en laissant tout simplement<br />

des empreintes de leur main, les autres en taillant dans l’os les corps et les traits de leur<br />

compagne. Autrement, qu’aurions-nous su de leurs mœurs, de leurs chasses et de ces<br />

troupeaux de mammouths, de bisons, de rhinocéros, de rennes et de quelques bovidés criblés<br />

de lances, si quelqu’un n’avait pas eu l’idée de les dessiner sur les parois enfumées de leur<br />

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