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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Delaunay ne connaissait pas l’art roman et s’en foutait royalement. Que ce soit son Saint-<br />

Séverin ou les cathédrales de Laon, l’essence même de sa peinture, c’est toujours du gothique<br />

éclaté qu’il s’agissait.<br />

Je n’aurais probablement pas parlé de ces visites chez Gleizes si, ces jours-ci, son dernier<br />

explicateur en date, l’ex-conservateur en chef du Musée National d’Art Moderne de Paris de<br />

son état, ce qui ne gâte rien, n’avait ressorti à propos des « Rythmes circulaires » ou «<br />

Rythmes sans fin » en reliefs polychromes de Delaunay, et la cathédrale de Chartres, et la<br />

basilique de Saint-Denis, et celle de Poitiers, et toutes ces colonnes sculptées, ornées de<br />

motifs décoratifs sur lesquelles reposent certaines statues romanes, bref tout le fatras que j’ai<br />

entendu maintes et maintes fois chez Gleizes, et qui n’a rien à faire avec l’art de Delaunay.<br />

Seigneur ! Où est-il allé chercher tout cela, si ce n’est dans les tréfonds de son érudition<br />

personnelle ? J’avoue que j’ai dû relire par deux fois ce passage, me pincer le bras, me frotter<br />

les yeux pour savoir si je n’avais pas la berlue. Eh bien, non, ces rythmes romans étaient là<br />

comme le nez au milieu de la figure. Or, s’il est une période dans l’œuvre de Delaunay dont<br />

on connaît son origine exacte, c’est bien celle-là.<br />

Ici, il faudrait que j’ouvre une parenthèse.<br />

Après avoir publié une plaquette portant le titre Six Essais à l’occasion d’une exposition<br />

collective de Arp, Calder, Hélion, Miro, Pevsner et Seligmann, qui s’est tenue en 1933 à la<br />

galerie Pierre (que quelques analphabètes de la critique abstraite, les rares dans le vent on ne<br />

sait pas comment, situe tantôt en 1934, tantôt en 1936), et comme ces essais ont eu un certain<br />

succès, d’autres peintres et non des moindres, <strong>Kandinsky</strong> par exemple, m’ont demandé<br />

d’écrire sur eux, me suggérant ainsi de porter leur nombre à vingt et de les éditer sous la<br />

forme d’un livre cette fois, à paraître prochainement. Pourquoi pas ? Je n’avais que l’embarras<br />

du choix.<br />

Mais comment ? Aucun éditeur qui se respecte n’aurait jamais engagé des sommes<br />

nécessaires pour une entreprise de cette sorte, vouée à l’avance à un échec commercial. Déjà<br />

ladite plaquette, réalisée d’après une maquette de Arp, était imprimée aux frais des<br />

participants. C’est une des raisons pour laquelle au lieu de porter, normalement, la mention<br />

Galerie Pierre, elle se présentait comme éditée par Jacques Povolozky, simple prête-nom, au<br />

demeurant libraire, au 13 de le rue Bonaparte. Cela paraissait arranger aussi Pierre Loeb,<br />

propriétaire de la galerie, lequel, s’il voulait bien essayer d’exposer les abstraits, ne<br />

s’occupant précédemment que des surréalistes, ne tenait pas tant que çà à ce qu’elle laisse des<br />

traces au cas d’un fiasco par trop retentissant. Prudent, prudent. Povolozky, de son côté, ne<br />

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