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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Tout cela à la fois, le doute n’est plus permis, mais surtout beaucoup trop de littérature. Le<br />

plus grave, c’est que le vocable « art » continuait à désigner indifféremment toutes ces<br />

prouesses ; les procès intentés à la peinture, la question et les supplices qu’on lui infligeait, les<br />

croûtes des pompiers et les tableaux du Louvre, du Prado et des Offices, pêle-mêle. La<br />

Joconde, avec ou sans paire de moustaches, un tas de briques de la Tate Gallery de Londres,<br />

la Seine ou la lagune de Venise passées au vert cru chimique pour un quart d’heure, -<br />

comment s’y reconnaître ?<br />

Le résultat ? La grande masse des curieux et des amateurs de la peinture ne savait plus sur<br />

quel pied danser ni à quel saint se vouer. Pour s’en tirer, les têtes chercheuses de<br />

l’intelligensia occidentale ont dû faire sienne la définition des vieux Dada : Tout est art et rien<br />

n’est art, un peu plus actualisée et dépoussiérée pour la circonstance par ces jeunes chevaux<br />

de retour. Les mânes de l’inventif docteur Faustroll, le créateur de la Pataphysique, devaient<br />

tressaillir d’aise dans leur tombe…<br />

Et c’est alors, alors seulement, à l’apogée de ce désarroi, qui se situe vers la fin des années<br />

cinquante, que l’on s’est aperçu de la présence, de l’existence des naïfs, les rangeant d’emblée<br />

entre les enfants et les fous. André Malraux, l’une des rares personnalités à s’y intéresser dès<br />

la fin de la dernière guerre, a su apprécier comme il convient la portée de ce qui venait de se<br />

produire. Dans son livre, « La Tête d’Obsidienne », écrit en 1974, il en parle, lucidement, à<br />

propos de la Première Biennale de Paris :<br />

« Je me souviens de la Première Biennale de Paris. Je venais de prendre les affaires<br />

Culturelles. Elle n’accueillait les peintres que jusqu’à 35 ans, et choisis par un jury de leur<br />

pays, non par le nôtre. L’Union Soviétique et ses satellites, l’Inde, Formose, le Japon, un peu<br />

d’Afrique, l’Amérique Latine. Importante participation anglo-saxonne. Ça valait ce que ça<br />

valait. Mais les tableaux venaient du monde entier. Des hordes de jeunes peintres multicolores<br />

et chevelus examinaient les toiles des autres, ou les premières “affiches lacérées”, les plus<br />

insidieux des ready-made. Toutes les tendances d’alors : abstractions géométriques,<br />

expressionniste ou lyrique, tachisme informel, néo-réalisme et néo-surréalisme, réalisme<br />

socialiste et même art gestuel étaient représentées. Devant l’entrée du Musée d’Art Moderne,<br />

une machine baladeuse de Tinguely menaçait les visiteurs de son errance saccadée, et leur<br />

jetait au nez les bandes qu’elle imprimait. Tendance majeure : l’informel agressif. L’art futur<br />

montrait les dents.<br />

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