27.10.2014 Views

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Elle est corps et vie.<br />

La vie même.<br />

Le peintre à la fois le plus cérébral et le plus ogival, peut-être, qui soit et fut jamais<br />

depuis le temps si lointain et tellement proche du Moyen Age – le peintre le plus gothique au<br />

sens de la délivrance de la matière inerte par la force de l’esprit, plutôt par un problème posé<br />

par l’intellect, – au sens de la survivance d’une certaine mentalité dominante autrefois,<br />

autrefois frémissante et complète et irrévocablement disparue aujourd’hui, une conception<br />

symétrique seulement et qui au fond n’est pas du tout gothique, mais qui garde encore malgré<br />

le temps, malgré la crémation perpétuelle des idées, sa force de souvenir hypnagogique, et qui<br />

évoque encore ce complexe pâle des idées disparues, s’entrecroisant dans ce mot "gothique" –<br />

Hans Schiess est son nom.<br />

Lui, il prend toujours la toile comme un obstacle à surmonter. Il la prend comme si<br />

elle était déjà remplie de couleurs, par la succession transversale des différentes couches des<br />

paysages chaotiques et illisibles qu’il faut d’abord détruire et organiser ensuite – il la prend<br />

par le côté matière inerte qu’il faut transformer dans un édifice, qu’il faut discipliner selon<br />

une certaine idée – idée de la construction – et de dresser cet édifice à l’image de cette idée.<br />

Edifice sans poids, ajouré par la pensée – édifice transparent et chimérique.<br />

Et comme l’idée de Schiess est indéfinissable – incommensurable, idée peut-être de la<br />

perpétuité du travail humain et de sa perfection illimitée – l’idée sans fin, sans doute, avec une<br />

seule limite, celle de la métaphysique – de s’approcher et de toucher le merveilleux. J’insiste<br />

surtout sur ce point, car en réalité, Schiess veut trouver le sens double du tableau, la continuité<br />

de sa matière dans le temps et dans l’espace et inversement – il cherche à trouver la<br />

transfiguration permanente du tableau qui reste abstrait et statique, mais dont les éléments<br />

sont constamment déplacés en silhouette et en face, de face et de trois quarts – qui sont<br />

transparents et opaques à la fois, statiques et mobiles et d’où vient sa forme résultante : plan =<br />

espace.<br />

Voilà pourquoi il prend la masse de chaque couleur et sa pesanteur comme des<br />

obstacles à détruire : il déchire et décompose cette matière jusqu’à ce qu’elle devienne la<br />

39

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!