12.04.2023 Views

La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

Le roi Ferdinand, représentant de l’empereur à la diète, comprit que, s’il ne réussissait<br />

pas à amener les princes à accepter et à soutenir le décret, celui-ci occasionnerait de<br />

sérieuses divisions. Et se doutant bien qu’user de la contrainte avec de tels hommes,<br />

c’était les rendre plus déterminés encore, il tenta de les persuader, et " supplia les princes<br />

d’accepter le décret, les assurant que l’empereur leur en saurait un gré infini " . Ces<br />

hommes courageux, s’inclinant devant une autorité supérieure à celle des rois de la terre,<br />

répondirent avec calme : " Nous obéirons à l’empereur dans tout ce qui peut contribuer au<br />

maintien de la paix et à l’honneur de Dieu. "<br />

Sans tenir compte de cette déclaration, le roi annonça enfin, en pleine diète, " que<br />

l’édit allait être rédigé sous forme de décret impérial " . Puis il annonça à l’électeur de<br />

Saxe et à ses amis qu’ " il ne leur restait plus qu’à se soumettre à la majorité " . Cela dit,<br />

il se retira de l’assemblée, sans donner aux réformateurs l’occasion de lui répondre. En<br />

vain, ils lui envoyèrent une députation pour le prier de revenir. " C’est une affaire réglée,<br />

répondit le roi, il n’y a plus qu’à se soumettre." Bien que le parti impérial sût que les<br />

princes chrétiens étaient déterminés à considérer les saintes Ecritures comme supérieures<br />

aux doctrines et aux lois humaines, et que là où ce principe était reconnu l’autorité du<br />

pape serait tôt ou tard abolie, il croyait que la cause de l’empereur et du pape était la plus<br />

forte. Si les réformateurs avaient compté sur le seul secours de l’homme, ils eussent été<br />

aussi impuissants que les partisans du pape le supposaient. Mais leur force allait se<br />

révéler. Ils en appelèrent " du décret de la diète à la Parole de Dieu, et de l’empereur<br />

Charles à Jésus-Christ, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs " .<br />

Sans tenir compte de l’absence de Ferdinand qui n’avait pas respecté leur liberté de<br />

conscience, ils rédigèrent et présentèrent sans délai devant l’assemblée nationale la<br />

solennelle déclaration suivante : " Nous PROTESTONS par les présentes, devant Dieu,<br />

notre unique Créateur, Conservateur, Rédempteur et Sauveur, qui un jour sera notre Juge,<br />

ainsi que devant tous les hommes et toutes les créatures, que, pour nous et pour les<br />

nôtres, nous ne consentons ni n’adhérons en aucune manière au décret proposé, dans la<br />

mesure où il est contraire à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne conscience et au salut<br />

de nos âmes. Quoi ! nous déclarerions, en adhérant à cet édit, que si le Dieu tout-puissant<br />

appelle un homme à sa connaissance, cet homme n’est pas libre de la recevoir !… "<br />

Ils ajoutaient: Il n’est de doctrine certaine que celle qui est conforme à la Parole de<br />

Dieu ; ... le Seigneur défend d’en enseigner une autre ; … chaque texte de la sainte<br />

Ecriture devant être expliqué par d’autres textes plus clairs, ce saint Livre est, dans toutes<br />

les choses nécessaires au chrétien, facile et propre à dissiper les ténèbres. Nous sommes<br />

donc résolus, avec la grâce de Dieu, à maintenir la prédication pure et exclusive de sa<br />

seule Parole, telle qu’elle est contenue dans les livres bibliques de l’Ancien et du<br />

Nouveau Testament, sans rien ajouter qui lui soit contraire. Cette Parole est la seule vérité<br />

; elle est la norme assurée de toute doctrine et de toute vie, et ne peut jamais ni faillir ni<br />

128

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!