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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

elle se disait dépositaire. A l’occasion d’un jubilé, pour gagner l’indulgence promise, il<br />

alla se confesser, donna ses derniers deniers et se joignit aux processions. Ses études<br />

achevées, il entra dans le sacerdoce. Gravissant rapidement les échelons, il fut bientôt<br />

attaché à la cour, puis nommé professeur et ensuite recteur de l’université où il avait fait<br />

ses études. En quelques années, celui qui avait étudié aux frais de l’université devenait la<br />

gloire de son pays, et son nom était célèbre dans toute l’Europe.<br />

Mais c’est dans une autre sphère que Hus devait inaugurer son œuvre de réforme.<br />

Plusieurs années après son ordination à la prêtrise, il fut nommé prédicateur à la chapelle<br />

de Bethléhem, dont le fondateur attachait une grande importance à la prédication des<br />

Ecritures dans la langue du peuple, coutume que l’opposition de Rome n’avait pas<br />

complètement abolie en Bohême. Comme l’ignorance de la Parole de Dieu était grande,<br />

et que les vices les plus hideux prévalaient dans toutes les classes de la société, Hus,<br />

élevant la voix, dénonçait l’iniquité sans ménagements et proclamait les principes de la<br />

vérité et de la pureté au nom de la Parole de Dieu.<br />

Un citoyen de Prague, du nom de Jérôme, qui, par la suite, fut intimement lié avec<br />

Hus, avait rapporté à son retour d’un voyage en Angleterre les écrits de Wiclef. D’autre<br />

part, sous l’influence de la reine d’Angleterre — une princesse bohémienne convertie par<br />

Wiclef — les écrits de ce réformateur avaient été largement répandus en Bohême. Hus les<br />

lut avec intérêt ; convaincu que leur auteur était un chrétien sincère, il fut amené à<br />

considérer avec faveur les réformes qu’il réclamait. Sans le savoir, il était entré dans une<br />

voie qui devait le conduire bien loin de Rome.<br />

En ce temps-là, arrivèrent d’Angleterre à Prague deux savants étrangers qui, ayant<br />

reçu la lumière, venaient la répandre dans ce lointain pays. Ayant attaqué ouvertement la<br />

suprématie du pape, ils furent réduits au silence par les autorités ; mais ne voulant pas<br />

abandonner leur entreprise, ils eurent recours à un autre moyen de propagande. Artistes<br />

aussi bien que prédicateurs, ils mirent à profit leur talent et peignirent deux tableaux sur<br />

une muraille exposée au public. Un de ces tableaux représentait l’entrée de Jésus à<br />

Jérusalem, " plein de douceur, et monté sur un âne " (Matthieu 21 : 5), et suivi de ses<br />

disciples nu-pieds et grossièrement vêtus. Sur l’autre, on voyait une procession<br />

pontificale ; en tête, le pape couvert de son plus fastueux costume, la triple couronne sur<br />

la tête ; il était monté sur un coursier richement caparaçonné, précédé de trompettes et<br />

suivi de cardinaux somptueusement vêtus.<br />

Il y avait dans cette décoration murale un sermon à la portée de toutes les classes de la<br />

société, et dont la morale n’échappait à personne. <strong>La</strong> foule se rassemblait devant ces<br />

tableaux. Plusieurs étaient profondément impressionnés par le contraste entre l’humilité<br />

du Maître et l’orgueil du pape, son soidisant serviteur. Devant l’agitation qui se<br />

produisait dans Prague, les deux étrangers jugèrent prudent, pour leur sécurité, de<br />

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