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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

doctrines, répondait Calvin ; leur nouveauté m’offense ; je ne puis vous écouter. Vous<br />

imaginez-vous que j’aie vécu toute ma vie dans l’erreur ?… " (Merle d’Aubigné, Hist. de<br />

la Réformation au temps de Calvin, liv. I, p. 565, 566.)<br />

Cependant, dans l’esprit du jeune étudiant, une semence avait été jetée dont il ne<br />

pouvait se débarrasser. Seul dans sa chambre, il réfléchissait aux paroles de son cousin.<br />

Bientôt convaincu de péché, il se vit sans intercesseur en présence d’un Dieu saint et<br />

juste. <strong>La</strong> médiation des saints, ses bonnes œuvres et les cérémonies de l’Eglise étant<br />

incapables d’expier ses péchés, il ne voyait devant lui que ténèbres et désespoir. En vain<br />

des docteurs de l’Eglise s’efforcèrent-ils de le rassurer. En vain eut-il recours à la<br />

confession et à la pénitence ; rien ne parvenait à le réconcilier avec Dieu.<br />

En proie à ces luttes stériles, Calvin, passant un jour sur une place publique, eut<br />

l’occasion d’assister au supplice d’un hérétique condamné au bûcher et fut frappé de<br />

l’expression de paix que respirait le visage du martyr. Au milieu de ses souffrances et, ce<br />

qui était pire, sous la redoutable excommunication de l’Eglise, le condamné manifestait<br />

une foi et une sérénité que le jeune homme mettait péniblement en contraste avec son<br />

désespoir, avec les ténèbres où il tâtonnait, lui, le strict observateur des ordonnances de<br />

l’Eglise. Sachant que les hérétiques fondaient leur foi sur les saintes Ecritures, il prit la<br />

résolution de les étudier pour y découvrir, si possible, le secret de leur joie.<br />

Il y trouva Jésus-Christ. " O Père ! s’écria-t-il, son sacrifice a apaisé ta colère ; son<br />

sang a nettoyé mes souillures ; sa croix a porté ma malédiction ; sa mort a satisfait pour<br />

moi. … Nous nous étions forgé plusieurs inutiles sottises…; mais tu as mis devant moi ta<br />

Parole comme un flambeau, et tu as touché mon cœur afin que j’eusse en abomination<br />

tout autre mérite que celui de Jésus. " (Id., p. 575.) Calvin avait été destiné à la prêtrise. A<br />

l’âge de douze ans, nommé chapelain de la petite église de la Gésine, il avait été tonsuré<br />

selon les canons de l’Eglise par l’évêque de Noyon. Il n’avait pas reçu les ordres, ni<br />

rempli de fonctions sacerdotales, mais il était entré dans le clergé et portait le titre de sa<br />

charge, dont il recevait les bénéfices.<br />

Voyant qu’il ne pouvait plus devenir prêtre, il se tourna vers l’étude du droit, dessein<br />

qu’il abandonna bientôt pour se consacrer entièrement à l’Evangile. Il hésitait toutefois à<br />

devenir prédicateur. Naturellement timide, il avait une haute idée des responsabilités de<br />

cette vocation et songeait à poursuivre ses études. L’insistance de ses amis finit<br />

cependant par vaincre ses scrupules. " C’est une chose merveilleuse, disait-il, qu’un être<br />

de si basse extraction puisse être élevé à une telle dignité. "<br />

Prudemment, il s’était mis à l’œuvre et ses paroles étaient semblables à la rosée qui<br />

rafraîchit la terre. Obligé de quitter Paris, il avait cherché un refuge à Angoulême chez la<br />

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