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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

faiblesses de sa nature par des jeûnes, des veilles et une discipline rigoureuse. Soupirant<br />

après une pureté de cœur qui lui apportât l’approbation de Dieu, il ne reculait devant<br />

aucune pénitence.<br />

" Vraiment, écrivait-il plus tard, j’ai été un moine pieux, et j’ai suivi les règles de mon<br />

ordre plus sévèrement que je ne saurais l’exprimer. Si jamais moine eût pu entrer dans le<br />

ciel par sa moinerie, certes j’y serais entré... Si cela eût duré longtemps encore, je me<br />

serais martyrisé jusqu’à la mort. " Ces mortifications altérèrent profondément sa santé. Il<br />

devint sujet à des évanouissements dont les suites devaient se faire sentir jusqu’à la fin de<br />

sa vie. En dépit de tous ses efforts, il n’éprouva aucun soulagement et se trouva bientôt<br />

aux confins du désespoir.<br />

C’est alors que Dieu lui suscita un ami secourable en la personne du pieux Staupitz, le<br />

supérieur des Augustins, qui l’aida à comprendre la Parole de Dieu et le supplia de ne<br />

plus contempler le châtiment dû au péché, mais de regarder à Jésus, son Sauveur, prêt à<br />

pardonner. " Au lieu de te martyriser pour tes fautes, lui dit-il, jette-toi dans les bras du<br />

Rédempteur. Confie-toi en lui, en la justice de sa vie et en sa mort expiatoire…Il est<br />

devenu homme pour te donner l’assurance de la faveur divine. … Aime Celui qui t’a<br />

aimé le premier ! " Ces paroles firent une profonde impression sur Luther. Après bien des<br />

luttes contre les erreurs qu’il avait si longtemps caressées, il finit par saisir la vérité, et le<br />

calme entra dans son âme angoissée.<br />

Luther reçut les ordres, et fut appelé à quitter le couvent pour aller occuper une chaire<br />

de professeur à l’université de Wittenberg où il enseigna les saintes Ecritures dans les<br />

langues originales. Puis, dans un cours public, il se mit à commenter la Bible, en prenant<br />

successivement le livre des Psaumes, les évangiles et les épîtres. Des foules d’auditeurs<br />

émerveillés venaient l’écouter. Staupitz, à la fois son ami et son supérieur, l’engageait à<br />

monter en chaire. Luther hésitait, se sentant indigne de prêcher la Parole de Dieu à la<br />

place et au nom de Jésus-Christ. Ce ne fut qu’après une longue résistance qu’il céda aux<br />

pressantes sollicitations de ses amis. Déjà puissant dans les saintes Lettres, il captivait ses<br />

auditeurs par son éloquence ; la clarté et la force avec lesquelles il présentait la vérité<br />

portaient la conviction dans les esprits, et sa ferveur touchait les cœurs.<br />

Fils dévoué de 1’Eglise romaine, Luther n’avait aucune intention d’être autre chose. Il<br />

entrait dans les desseins de Dieu qu’il fût appelé à se rendre à Rome. Il fit ce voyage à<br />

pied, logeant dans les monastères qu’il trouvait sur sa route. En Italie, s’étant arrêté dans<br />

un couvent, il fut surpris par la richesse, la magnificence et le luxe qui s’y étalaient.<br />

Jouissant de revenus princiers, les religieux habitaient des palais, portaient des soutanes<br />

opulentes et s’asseyaient à une table somptueuse. Le moine de Wittenberg était peiné de<br />

voir le contraste entre ce spectacle et sa vie de labeurs et de renoncement. Il devenait<br />

perplexe. Enfin, il aperçut dans le lointain la ville aux sept collines. Saisi d’une profonde<br />

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