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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

connu tout le conseil de Dieu ; et s’ils vivaient aujourd’hui, ils accepteraient de nouvelles<br />

lumières avec autant d’empressement que celles qu’ils ont proclamées.”(D. Neal, History<br />

of the Puritans, Vol. I, p. 269.)<br />

“Souvenez-vous de votre engagement envers Dieu et vos frères, de recevoir tout<br />

rayon de lumière, toute vérité qui, de sa Parole, pourrait jaillir sur votre sentier ; car il<br />

n’est pas possible que le monde chrétien, si récemment sorti de ténèbres profondes, soit<br />

parvenu d’un seul coup à la plénitude de la lumière. Mais prenez aussi garde à ce que<br />

vous recevez comme la vérité ; ayez bien soin de tout comparer avec les textes de<br />

l’Ecriture.” (Martyn, Vol. V, p. 70, 71.)<br />

C’est l’amour de la liberté de conscience qui poussa les Pèlerins à affronter les périls<br />

d’un long voyage à travers les mers, à braver les privations et les dangers d’un pays<br />

désert, pour aller jeter, avec la bénédiction de Dieu, les fondements d’une puissante<br />

nation sur les rivages de l’Amérique. Et pourtant, malgré leur sincérité et leur piété, ces<br />

chrétiens n’avaient pas encore réellement compris le principe de la liberté religieuse. Ils<br />

n’étaient pas disposés à concéder à d’autres cette liberté à laquelle ils attachaient un si<br />

grand prix.”Rares étaient, même parmi les penseurs les plus éminents du dix-septième<br />

siècle, ceux qui s’étaient élevés à la hauteur du grand principe renfermé dans le Nouveau<br />

Testament, et d’après lequel Dieu est seul juge de la foi.”(Id., p. 297.)<br />

<strong>La</strong> doctrine affirmant que Dieu a donné à son Eglise le droit de dominer les<br />

consciences, de définir et de punir l’hérésie, est l’une des erreurs papales les plus<br />

invétérées. Les réformateurs, tout en répudiant le credo de Rome, ne surent pas<br />

s’affranchir entièrement de son intolérance. Les profondes ténèbres dont Rome avait<br />

enveloppé le monde au cours de sa domination séculaire n’étaient pas encore dissipées.<br />

L’un des principaux pasteurs de la colonie de Massachusetts Bay disait : “C’est la<br />

tolérance qui a rendu le monde antichrétien ; jamais l’Eglise n’a eu lieu de regretter sa<br />

sévérité envers les hérétiques.”(Martyn, Vol. V, p. 335.) Un statut adopté par les colons<br />

réservait le droit de vote en matière civile aux seuls membres de la congrégation. Celle-ci<br />

était une Eglise d’Etat dans laquelle chacun était tenu de contribuer à l’entretien du culte,<br />

et où il incombait aux magistrats de veiller à la suppression de l’hérésie. Le pouvoir civil<br />

ainsi placé entre les mains de l’Eglise ne tarda pas à produire le fruit qu’il fallait en<br />

attendre : la persécution.<br />

Onze ans après l’établissement de la première colonie, arrivait dans le Nouveau<br />

Monde Roger Williams, en quête, lui aussi, de la liberté de conscience. Mais il la<br />

concevait autrement que les Pèlerins. A l’encontre des gens de son temps, il avait compris<br />

que cette liberté est le droit inaliénable de tout homme, quelle que soit sa confession.<br />

Avide de vérité, il lui paraissait impossible, comme à Robinson, qu’on eût déjà reçu toute<br />

la lumière de la Parole de Dieu.”Williams a été le premier dans la chrétienté moderne à<br />

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