12.04.2023 Views

La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

montrant que l’intolérance religieuse et la persécution peuvent fort bien être le fait de<br />

personnes éprises de culture intellectuelle.<br />

Par une cérémonie solennelle et publique, la France devait prendre définitivement<br />

parti contre le protestantisme. Les prêtres demandèrent que l’affront fait au ciel par les<br />

attaques contre la messe fût lavé dans le sang et que le roi, au nom du peuple, sanctionnât<br />

cette barbare entreprise. Un chroniqueur du temps, Simon Fontaine, docteur de Sorbonne,<br />

nous en a laissé le récit détaillé. Le 21 janvier 1535, une foule innombrable était<br />

rassemblée de toute la contrée environnante. " Il n’y avait tant soit petit bout de bois ou<br />

de pierre saillant des muraillesqui ne fût chargé, pourvu qu’il y eût place pour une<br />

personne. Les toits des maisons étaient couverts d’hommes petits et grands, et on eût jugé<br />

les rues pavées de têtes humaines. Jamais tant de reliques n’avaient été promenées par les<br />

rues de Paris. " (G. de Félice, Histoire des Protestants de France, p. 46, 47.)<br />

Les reliques passées, venaient un grand nombre de cardinaux, archevêques, évêques,<br />

abbés chapés et mitrés. Puis, sous un dais magnifique, dont les quatre bâtons étaient tenus<br />

par les trois fils du roi et le duc de Vendôme, premier prince du sang, se trouvait l’hostie<br />

portée par l’évêque de Paris. … Alors paraissait enfin François Ier, sans faste, à pied, tête<br />

nue, une torche ardente à la main, comme un pénitent chargé d’expier les sacrilèges de<br />

son peuple. A chaque reposoir, il remettait sa torche au cardinal de Lorraine, joignait les<br />

mains et se prosternait, s’humiliant, non pour ses adultères, ses mensonges ou ses faux<br />

serments, il n’y pensait pas, mais pour l’audace de ceux qui ne voulaient pas la messe. Il<br />

était suivi de la reine, des princes et princesses, des ambassadeurs étrangers, de toute la<br />

cour, du chancelier de France, du Conseil, du Parlement en robes écarlates, de<br />

l’Université, des autres compagnies de sa garde. Tous marchaient deux à deux, „donnant<br />

toutes les marques d’une piété extraordinaire" , chacun, dans un profond silence, tenant<br />

son flambeau allumé. Des chants spirituels et des airs funèbres interrompaient seuls, de<br />

temps en temps, le calme de cette morne et lente procession. " (Merle d’Aubigné, Hist. de<br />

la Réformation au temps de Calvin, liv. IV, Chap. XI, p. 169, 170.)<br />

Au programme figurait un discours du roi devant les dignitaires de l’Etat, dans la<br />

grande salle de l’archevêché. L’air désolé, le monarque prit la parole : " O crime ! dit-il, ô<br />

blasphème ! ô jour de douleur et d’opprobre ! pourquoi a-t-il fallu que vous ayez lui sur<br />

nous ? … " (Id., p. 175) Il invita tous ses fidèles sujets à le seconder dans ses efforts en<br />

vue d’extirper l’hérésie pestilentielle qui menaçait la France. " Aussi vrai, Messieurs,<br />

continua-t-il, que je suis votre roi, si je savais l’un de mes propres membres maculé,<br />

infecté de cette détestable pourriture, je vous le donnerais à couper. … Bien plus, si<br />

j’apercevais un de mes enfants entaché, je ne l’épargnerais pas. … Je le voudrais bailler<br />

moi-même et je le sacrifierais à Dieu. " (Id., p. 176, 177.) 1l s’arrêta suffoqué par les<br />

larmes, et toute l’assemblée s’écria au milieu des sanglots : " Nous voulons vivre et<br />

mourir pour la religion catholique. "<br />

145

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!