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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

princesse Marguerite de Navarre, amie et protectrice de l’Evangile. Là, Calvin se remit au<br />

travail, allant de maison en maison, ouvrant l’Ecriture sainte devant les familles<br />

assemblées et leur présentant les vérités du salut. Ceux qui entendaient ce jeune homme<br />

aimable et modeste en parlaient à d’autres, et bientôt l’évangéliste, quittant la ville, se<br />

rendit dans les villages et les hameaux. Accueilli dans les châteaux comme dans les<br />

chaumières, il jeta ainsi les fondements de plusieurs églises qui devaient rendre un<br />

courageux témoignage à la vérité.<br />

Quelques mois plus tard, il se retrouvait à Paris, où une agitation insolite régnait dans<br />

les milieux intellectuels. L’étude des langues anciennes avait attiré l’attention sur les<br />

saintes Lettres, et maints savants dont le cœur n’était pas touché par la grâce discutaient<br />

vivement la vérité et, parfois même, combattaient les champions du romanisme. Bien que<br />

passé maître dans les controverses théologiques, Calvin avait une mission plus élevée que<br />

celle de ces bruyants dialecticiens. Mais les esprits étaient agités et le moment était<br />

propice pour leur présenter la vérité. Pendant que les salles des universités retentissaient<br />

de la clameur des disputes théologiques, Calvin allait de maison en maison expliquant les<br />

Ecritures et ne parlant que de Jésus et de Jésus crucifié.<br />

Par la grâce de Dieu, Paris devait recevoir une nouvelle invitation au festin<br />

évangélique. L’appel de Lefèvre et de Farel ayant été rejeté, le message devait encore être<br />

présenté dans la capitale à toutes les classes de la société. Sous l’influence de<br />

préoccupations politiques, le roi n’avait pas encore pris tout à fait position avec Rome<br />

contre la Réforme. Sa sœur Marguerite, nourrissant toujours l’espoir de voir le<br />

protestantisme triompher en France, voulut que la foi réformée fût annoncée à Paris. En<br />

l’absence du roi, elle ordonna à un ministre protestant, Gérard Roussel, de prêcher dans<br />

les églises de la capitale. Le haut clergé s’y étant opposé, la princesse ouvrit les portes du<br />

Louvre, y fit transformer un appartement en chapelle et annonça qu’il y aurait prédication<br />

chaque jour à une heure déterminée. Des foules accoururent. <strong>La</strong> chapelle était bondée de<br />

gens de tous rangs et l’auditoire refluait dans les antichambres et les vestibules. Nobles,<br />

diplomates, avocats, marchands et artisans s’y réunissaient chaque jour par milliers. Loin<br />

d’interdire ces assemblées, le roi ordonna que deux des églises de Paris leur fussent<br />

ouvertes. Jamais encore la ville n’avait été aussi remuée par la Parole de Dieu : L’Esprit<br />

de vie venu d’en haut semblait passer sur le peuple. <strong>La</strong> tempérance, la chasteté, l’ordre et<br />

l’industrie succédaient à l’ivrognerie, au libertinage, aux querelles et à l’indolence.<br />

Mais la hiérarchie ne restait pas inactive. Le roi refusant encore d’interdire les<br />

prédications, elle se tourna vers la populace. Rien ne fut négligé pour exciter les craintes,<br />

les préjugés et le fanatisme des foules ignorantes et superstitieuses. Aveuglément soumis<br />

à ses faux docteurs, Paris, comme autrefois Jérusalem, " ne connut pas ; le temps où [il]<br />

était visité, ni les choses qui appartenaient à sa paix." Deux années durant, la Parole de<br />

Dieu fut prêchée dans la capitale. Beaucoup de personnes acceptèrent l’Evangile, mais la<br />

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