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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

majorité le rejeta. François Ier ne s’était montré tolérant que dans des vues politiques et le<br />

clergé réussit à reprendre son ascendant. De nouveau, les églises se fermèrent et les<br />

bûchers s’allumèrent.<br />

Calvin était encore à Paris, où tout en continuant à répandre la lumière autour de lui, il<br />

se préparait en vue de son activité future par l’étude, la méditation et la prière. Mais il ne<br />

tarda pas à être signalé aux autorités, qui décidèrent de le condamner au supplice du<br />

bûcher. Il se croyait en sécurité dans sa retraite quand ses amis accoururent dans sa<br />

chambre pour lui annoncer que les agents de la force publique étaient sur le point de<br />

s’assurer de sa personne. Au même instant, on frappa violemment à la porte extérieure. Il<br />

n’y avait pas un instant à perdre. Quelques amis entretinrent les agents à la porte, tandis<br />

que les autres le firent descendre par une fenêtre. Se dirigeant en toute hâte vers les<br />

faubourgs extérieurs, il entra chez un ouvrier ami de la Réforme, emprunta les vêtements<br />

de son hôte, et, une houe sur l’épaule, continua son voyage. Cheminant vers le sud, il<br />

retrouva de nouveau un asile dans les Etats de Marguerite de Navarre.<br />

Grâce à la protection de puissants amis, Calvin passa quelques mois en sécurité à<br />

Angoulême, où il se livra, comme précédemment, à l’étude. Mais, poursuivi par le besoin<br />

d’évangéliser son pays, il ne put rester longtemps inactif, et, dès que l’orage se fut un peu<br />

calmé, il alla chercher un nouveau champ d’activité. A Poitiers, siège d’une université où<br />

les nouvelles opinions étaient favorablement accueillies, des gens de toutes les classes<br />

écoutèrent joyeusement les paroles de la vie éternelle qu’il présentait en privé, soit chez<br />

le premier magistrat de la ville, soit à son domicile particulier, soit encore dans un jardin<br />

public. Comme le nombre de ses auditeurs allait en augmentant, on jugea prudent de<br />

s’assembler en dehors de la ville. Une caverne située au bord d’une gorge étroite et<br />

profonde, et masquée par des rochers et des arbres, fut choisie comme lieu de réunion, et<br />

les gens de la ville s’y rendaient par petits groupes en prenant des chemins différents.<br />

C’est dans cette retraite que la Parole de Dieu était lue et méditée ; c’est là que la sainte<br />

Cène fut célébrée pour la première fois par les protestants de France. De cette petite<br />

église sortirent plusieurs évangélistes fidèles.<br />

Ne pouvant abandonner l’espoir de voir la France accepter la Réforme, Calvin rentra<br />

encore une fois à Paris. Mais l trouva presque toutes les portes fermées : enseigner<br />

l’Evangile, c’était marcher au bûcher. Cet état de choses le décida à se rendre en<br />

Allemagne. A peine avait-il passé la frontière, qu’un orage éclatait sur les protestants de<br />

France. S’il était resté dans son pays, le jeune évangéliste aurait certainement péri dans<br />

une tuerie générale. Voici ce qui s’était passé : Désireux de voir leur pays marcher de pair<br />

avec l’Allemagne et la Suisse, les réformateurs français s’étaient décidés à frapper contre<br />

les superstitions de Rome un coup hardi qui secouât la nation tout entière. En<br />

conséquence, ils firent afficher dans toute la France des placards attaquant la messe. Au<br />

lieu d’avancer la cause de la Réforme, cet acte d’un zèle inconsidéré déchaîna la<br />

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