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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

calamités pour eux et leurs voisins. Un synode ecclésiastique avança l’argument, si<br />

souvent employé depuis, même par des protestants, d’après lequel des gens travaillant le<br />

dimanche avaient été frappés par la foudre, ce qui prouvait que ce jour devait être le jour<br />

du repos.” Cela montre avec évidence, disaient les prélats, que grande doit être la colère<br />

de Dieu contre ceux qui profanent ce jour. ” Un appel, fut ensuite adressé aux prêtres, aux<br />

rois, aux princes et aux fidèles, les invitant à “faire tous leurs efforts pour que ce jour fût<br />

honoré comme il convenait et que pour le bien de la chrétienté, il fût plus religieusement<br />

observé à l’avenir. ” (Thomas Morer, Discourse in six Dialogues on the Name, Notion<br />

and Observation of the Lord’s Day, p. 271 - éd. de 1701.)<br />

Les décrets des conciles ne suffisant pas, on sollicita des autorités civiles un édit<br />

propre à jeter la terreur dans les cœurs, et à contraindre tout le monde à suspendre ses<br />

occupations le dimanche. Dans un synode tenu à Rome, toutes les dispositions<br />

précédentes furent réitérées avec plus de force et de solennité, puis incorporées aux lois<br />

ecclésiastiques, et imposées par l’autorité civile dans presque toute l’étendue de la<br />

chrétienté. (Voir Heylyn, History of the Sabbath, IIe partie, Chap. V, sect. 7.) Néanmoins,<br />

l’absence de toute autorité scripturaire en faveur de ce jour constituait une lacune<br />

embarrassante. Les fidèles contestaient à leurs conducteurs le droit de rejeter, pour<br />

honorer le jour du soleil, cette déclaration positive de Jéhovah : “Le septième jour est le<br />

jour du repos de l’Eterne1, ton Dieu. ” D’autres expédients étaient nécessaires. Vers la fin<br />

du douzième siècle, un zélé propagateur du dimanche, visitant les églises d’Angleterre,<br />

rencontra de fidèles témoins de la vérité qui lui résistèrent. Il eut si peu de succès dans la<br />

défense de sa thèse qu’il quitta le pays en quête de meilleurs arguments. Ayant trouvé ce<br />

qu’il cherchait, il revint à la charge, et fut plus heureux. Il apportait avec lui un rouleau<br />

qu’il prétendait être descendu directement du ciel, qui contenait le commandement<br />

ordonnant l’observation du dimanche, accompagné de menaces terrifiantes à l’adresse<br />

des récalcitrants. Ce précieux document — aussi faux que l’institution qu’il était destiné à<br />

établir — était, disait-on, tombé du ciel à Jérusalem, sur l’autel de Saint-Siméon à<br />

Golgotha.. En réalité, il provenait des officines pontificales, à Rome, où la fraude et les<br />

faux ayant pour but la prospérité de l’Eglise ont toujours été considérés comme légitimes.<br />

Ledit rouleau interdisait tout travail depuis la neuvième heure (trois heures de l’aprèsmidi),<br />

le samedi, jusqu’au lundi au lever du soleil. Son autorité était, disait-on, attestée<br />

par plusieurs miracles. On racontait que des personnes travaillant après les heures<br />

prescrites avaient été frappées de paralysie. Un meunier qui faisait moudre son grain avait<br />

vu sortir, au lieu de farine, un torrent de sang, et la roue du moulin s’était arrêtée malgré<br />

la formidable pression de l’eau. Une femme qui avait mis sa pâte au four la ressortit sans<br />

qu’elle fût cuite, bien que le four fût très chaud. Une autre femme, qui était sur le point<br />

d’enfourner son pain le samedi à la neuvième heure et qui avait décidé d’attendre<br />

jusqu’au lundi, le trouva, le lendemain, cuit à point par la puissance divine. Un homme<br />

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