12.04.2023 Views

La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

celle de la Toussaint, approchait. Le jour précédent, Luther, en présence d’une foule de<br />

fidèles, afficha sur la porte de l’église un placard portant quatre-vingt-quinze thèses<br />

contre la doctrine des indulgences. Ces thèses, il se déclarait prêt à les défendre, le<br />

lendemain, à l’université, contre toute personne qui croirait devoir les attaquer.<br />

Ces propositions attirèrent l’attention générale. Elles furent lues, relues et répétées<br />

dans toute la région. Une grande agitation régnait à l’université et dans toute la ville. Ces<br />

thèses établissaient que le pouvoir de pardonner les péchés et d’en remettre la peine<br />

n’avait jamais été confié ni au pape, ni à aucun homme. <strong>La</strong> vente des indulgences n’était<br />

qu’un moyen artificieux d’extorquer de l’argent, une exploitation de la crédulité<br />

publique, une ruse de Satan pour détruire les âmes. Luther y déclarait en outre que<br />

1’Evangile du Christ est le trésor le plus précieux de l’Eglise, et que la grâce de Dieu qui<br />

s’y révèle est gratuitement accordée à quiconque la recherche par la conversion et la foi.<br />

Les thèses de Luther sollicitaient la contradiction. Mais personne n’osa relever le défi.<br />

Ses propositions firent en quelques jours le tour de l’Allemagne, et en quelques semaines,<br />

celui de la chrétienté. Un grand nombre de catholiques pieux, qui avaient pleuré sur les<br />

maux de 1'Eglise sans entrevoir aucun moyen de les guérir, lurent ces thèses avec une<br />

joie d’autant plus grande qu’ils y entendaient la voix de Dieu. Ils eurent l’impression que<br />

le Seigneur était finalement intervenu pour arrêter le flot montant de la corruption. Des<br />

princes et des magistrats se réjouirent secrètement de ce qu’un frein allait être mis à la<br />

puissance arrogante qui déniait au monde le droit d’en appeler de ses décisions.<br />

En revanche, les foules attachées au péché et à la superstition furent terrifiées en<br />

voyant réduits, en poussière les sophismes qui avaient calmé leurs craintes. Transportés<br />

de colère, de rusés ecclésiastiques, furieux de voir leur connivence avec le mal dénoncée<br />

et leurs profits menacés, s’unirent pour soutenir leur cause. Le réformateur dut faire face<br />

à de violents accusateurs. Les uns lui reprochaient d’avoir agi par impulsion et d’être non<br />

dirigé par Dieu, mais poussé par l’orgueil et la présomption. " Qui ne sait, répondait-il,<br />

que l’on met rarement une idée nouvelle en avant sans être accusé d’orgueil et de<br />

chercher des querelles ?... Jésus-Christ et tous les martyrs n’ont-ils pas été mis à mort<br />

comme contempteurs de la sagesse du temps, et pour avoir avancé des nouveautés, sans<br />

prendre auparavant humblement conseil des organes de l’ancienne opinion ? " Il ajoutait :<br />

" Ce que je fais s’accomplira non par la prudence des hommes, mais par le conseil de<br />

Dieu. Si l’œuvre est de Dieu, qui l’arrêtera ? Si elle n’est pas de lui, qui la soutiendra ?…<br />

Non pas ma volonté, ni la leur, ni la nôtre. Que ta volonté se fasse, ô Père saint qui es<br />

dans le ciel ! "<br />

Bien qu’il eût été poussé par l’Esprit de Dieu à entreprendre sa tâche, Luther ne put la<br />

poursuivre sans avoir à livrer de rudes combats. Le dénigrement, la calomnie de ses<br />

intentions et mobiles, les insinuations perfides sur son caractère fondirent sur lui comme<br />

81

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!