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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

de fuyards furent massacrés par l’armée hussite, et un immense butin resta aux mains des<br />

vainqueurs.<br />

Quelques années plus tard, un nouveau pape donna une nouvelle croisade. Comme<br />

pour la campagne précédente, on recruta des hommes et des fonds dans toute l’Europe.<br />

De grands avantages étaient offerts à ceux qui s’enrôlaient dans cette périlleuse<br />

entreprise. Tout croisé recevait l’assurance de l’impunité des crimes les plus odieux. On<br />

promettait à ceux qui tomberaient sur le champ de bataille une belle récompense dans le<br />

ciel, et aux survivants des richesses et des honneurs. Encore une fois, une grande armée<br />

franchit la frontière et entra en Bohême. Les hussites se retirèrent devant elle, attirant<br />

ainsi les envahisseurs à l’intérieur du pays et leur laissant croire qu’ils avaient déjà la<br />

victoire. Mais l’armée de Procopius fit volte-face, et s’apprêta à livrer bataille aux forces<br />

ennemies. S’apercevant seulement alors de leur erreur, les croisés restèrent dans leur<br />

camp, attendant l’attaque. Lorsqu’ils apprirent que l’armée hussite approchait, et avant<br />

même qu’elle fût en vue, les croisés, saisis de panique, lâchèrent pied. Princes, généraux<br />

et soldats, jetant leurs armures, s’enfuirent dans toutes les directions. Le légat du pape,<br />

chef de l’expédition, s’efforça de rallier ses troupes terrifiées. Il fut lui-même entraîné par<br />

la vague des fugitifs. <strong>La</strong> déroute fut complète, et un immense butin resta de nouveau<br />

entre les mains des vainqueurs.<br />

Ainsi, à deux reprises une armée brave et aguerrie, envoyée par les plus puissantes<br />

nations d’Europe, avait fui sans tirer l’épée devant une faible et petite phalange. Ces<br />

terreurs surnaturelles des envahisseurs révélaient une manifestation de la puissance<br />

divine. Celui qui avait précipité l’armée de Pharaon dans la mer Rouge, mis en fuite les<br />

troupes de Madian devant Gédéon et ses trois cents hommes, et détruit en une nuit les<br />

forces de l’orgueilleux Assyrien, avait de nouveau étendu sa main pour abattre la<br />

puissance de l’oppresseur. " Alors ils trembleront d’épouvante, sans qu’il y ait sujet<br />

d’épouvante ; Dieu dispersera les os de ceux qui campent contre toi ; tu les confondras,<br />

car Dieu les a rejetés. " (Psaume 53 : 3.)<br />

Désespérant de vaincre par la force, les chefs de 1’Eglise eurent recours à la<br />

diplomatie. On proposa un compromis qui, tout en concédant apparemment aux hussites<br />

la liberté de conscience, les livrait au pouvoir de la papauté. Les Bohémiens mirent quatre<br />

conditions à la paix avec Rome : la libre prédication de la Parole de Dieu et l’usage de<br />

leur langue maternelle dans le culte ; la communion sous les deux espèces pour toute la<br />

congrégation; l’exclusion du clergé de toutes fonctions administratives et<br />

gouvernementales ; enfin, en cas de crime, clercs et laïques devaient tous relever des<br />

mêmes tribunaux. Le clergé finit par " souscrire aux quatre conditions des hussites, mais<br />

en déclarant que le droit de les définir et d’en déterminer le sens exact serait l’affaire du<br />

concile, c’est-à-dire du pape et de l’empereur " . (Wylie, liv. III, Chap. XVIII.) C’est sur<br />

cette base qu’un traité fut conclu ; Rome obtenait ainsi par dissimulation et par fraude ce<br />

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