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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

flammes !" Reconduit en prison, enchaîné dans une position douloureuse, n’ayant pour<br />

toute nourriture que du pain et de l’eau, Jérôme, après quelques mois de ce régime, tomba<br />

malade et fut bien près de la mort. Ses ennemis, craignant qu’il ne leur échappe,<br />

adoucirent son sort, mais le laissèrent encore en prison toute une année.<br />

<strong>La</strong> mort de Hus n’avait pas produit l’effet que ses ennemis en avaient attendu : la<br />

violation du saufconduit avait déchaîné une tempête d’indignation. Aussi le concile<br />

jugea-t-il qu’il était préférable d’arracher, si possible, à Jérôme une rétractation plutôt que<br />

de le livrer aux flammes. II fut amené devant l’assemblée, qui lui offrit l’alternative de la<br />

rétractation ou du bûcher. Au commencement de sa captivité, la mort eût été pour Jérôme<br />

une grâce en comparaison des souffrances qu’il devait endurer ; mais alors, affaibli par la<br />

maladie et par la réclusion, déprimé par l’anxiété et l’attente, séparé de ses amis et abattu<br />

par la mort de Hus, sa constance l’abandonna. Il consentit à se soumettre au concile, et<br />

accepta le décret condamnant les doctrines de Wiclef et de Hus, sans abandonner<br />

toutefois " les saintes vérités " qu’ils avaient enseignées.<br />

Par ce compromis, Jérôme espérait calmer la voix de sa conscience et échapper à la<br />

mort. Mais, réintégré dans la solitude de sa prison, il comprit mieux ce qu’il avait fait. Le<br />

courage et la fidélité de Hus se présentèrent à lui en contraste avec son reniement de la<br />

vérité. Il reporta ses pensées sur le divin Maître qu’il s’était engagé à servir, et qui, par<br />

amour pour lui, avait souffert la mort de la croix. Avant sa rétractation, Jérôme avait été<br />

soutenu dans toutes ses souffrances par l’assurance de la grâce divine. Mais maintenant<br />

son âme était torturée par le doute et le remords. Il comprenait que pour être en paix avec<br />

Rome, il devrait faire de nouvelles concessions et que la voie dans laquelle il était entré<br />

ne pouvait aboutir qu’à une complète apostasie. Aussi prit-il la résolution de ne point<br />

consentir, pour s’épargner une courte période de souffrances, à renier son Sauveur.<br />

Il fut bientôt ramené devant le concile. Ses juges n’étaient pas encore satisfaits de sa<br />

soumission. Leur soif de sang, excitée par la mort de Hus, exigeait de nouvelles victimes.<br />

Seule une répudiation complète de la vérité pouvait arracher Jérôme à la mort. Mais<br />

celui-ci avait résolu de confesser sa foi et de suivre son frère et ami jusque dans les<br />

flammes du bûcher. Il retira sa première rétractation, et, comme tout condamné à mort, il<br />

sollicita le droit de présenter sa défense. Craignant l’effet de ses paroles, les prélats<br />

exigèrent qu’il se bornât à reconnaître ou à nier la véracité des accusations portées contre<br />

lui. Jérôme protesta contre cette injustice et cette cruauté : "Vous m’avez tenu enfermé<br />

trois cent quarante jours dans une affreuse prison, dans l’ordure, dans la puanteur, dans le<br />

besoin extrême de toutes choses ; vous me faites ensuite comparaître devant vous et,<br />

prêtant l’oreille à mes ennemis mortels, vous refusez de m’écouter !… Si vous êtes<br />

réellement des hommes sages et les lumières du monde, prenez garde de ne point pécher<br />

contre la justice. Pour moi, je ne suis qu’un faible mortel : ma vie est peu de chose, et<br />

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