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La Grande Controverse

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

“Rejetons cet arrêté, dirent les princes ; dans les questions de conscience, la majorité n’a aucun pouvoir.” Protéger la liberté de conscience, voilà le devoir de l’Etat et la limite de son autorité en matière religieuse. Tout gouvernement civil qui, aujourd’hui, tente de régler ou d’imposer des observances religieuses abolit le principe pour lequel beaucoup des personnes ont si noblement combattu … “Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... constituent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux abus de l’homme dans les choses de la foi: l’intrusion du magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de la conscience … Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer librement ce qu’ils estimaient être la vérité; et ils contestaient aux prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon sa conscience...

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<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Controverse</strong><br />

les paysans, jusqu’aux nobles et aux princes. <strong>La</strong> soeur de François Ier, Marguerite de<br />

Navarre, ayant embrassé la foi réformée, le roi lui-même et la reine mère semblèrent<br />

pendant un temps la considérer avec faveur. Les réformateurs, éblouis, voyaient déjà<br />

approcher le jour où la France serait gagnée à la cause de la Réforme.<br />

Ils allaient être déçus dans leur attente. Des épreuves et des persécutions,<br />

miséricordieusement voilées à leurs yeux, attendaient ces disciples du Christ. Dans<br />

l’intervalle, un temps de paix leur permit de prendre des forces en vue de l’orage à venir,<br />

et la cause de la Réforme fit de rapides progrès. Dans son diocèse, l’évêque de Meaux<br />

travaillait avec zèle à instruire le clergé et les laïques. Les prêtres ignorants et dépravés<br />

furent renvoyés et, dans la mesure du possible, remplacés par des hommes instruits et<br />

pieux. L’évêque, qui désirait ardemment mettre la Parole de Dieu entre les mains de ses<br />

ouailles, ne tarda pas à voir son désir se réaliser. Lefèvre avait entrepris la traduction du<br />

Nouveau-Testament, et, à l’époque même où Luther faisait paraître les Ecritures en<br />

allemand à Wittenberg, le Nouveau Testament était publié en français à Meaux.<br />

Briçonnet n’épargna ni peines ni argent pour le répandre dans toutes les paroisses de son<br />

diocèse, et bientôt les paysans furent en possession des saintes Ecritures.<br />

Ces âmes recevaient le message du ciel comme des voyageurs altérés saluent une<br />

source d’eau vive. Les cultivateurs aux champs, les artisans dans leur atelier<br />

s’encourageaient dans leur travail quotidien en s’entretenant des vérités précieuses de la<br />

Parole de Dieu. Le soir, au lieu de se rencontrer dans les cabarets, ils se réunissaient les<br />

uns chez les autres pour lire l’Ecriture sainte, prier et louer Dieu. Un grand changement<br />

ne tarda pas à se produire dans ces localités. Les rudes paysans eux-mêmes, qui avaient<br />

vécu dans l’ignorance, éprouvaient la puissance transformatrice de la grâce divine. Ils<br />

devenaient humbles, probes, pieux et témoignaient par-là de l’action bienfaisante de<br />

l’Evangile sur les âmes sincères.<br />

<strong>La</strong> lumière qui brillait à Meaux projetait ses rayons au loin, et le nombre des convertis<br />

allait chaque jour en augmentant. <strong>La</strong> fureur de la hiérarchie fut un moment tenue en échec<br />

par le roi, qui détestait le fanatisme des moines. Mais les partisans du pape finirent par<br />

l’emporter, et les bûchers s’allumèrent. L’évêque de Meaux, mis en demeure de choisir<br />

entre le feu et la rétractation, prit le chemin le plus facile. Le troupeau, en revanche,<br />

demeura ferme en dépit de la chute de son chef. Plusieurs rendirent témoignage à la vérité<br />

au milieu des flammes. Par leur foi et leur constance jusque sur le bûcher, ces martyrs<br />

annoncèrent l’Evangile à des milliers d’âmes qui n’avaient pas eu l’occasion de<br />

l’entendre en temps de paix.<br />

Les humbles et les pauvres ne furent pas seuls à confesser leur Sauveur au milieu du<br />

mépris et de l’opposition. Dans les salles somptueuses des châteaux et des palais, de<br />

nobles âmes plaçaient la vérité plus haut que le rang, la fortune et la vie même. Ceux qui<br />

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