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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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Commentant <strong>la</strong> venue de James Luna <strong>à</strong> <strong>la</strong> Rencontre internationale d'art <strong>performance</strong> de<br />

Québec en 2006, Guy Sioui <strong>Du</strong>rand écrit pour sa part dans <strong>la</strong> revue Inter (2007, p. 21) :<br />

Luna a développé une pensée amérindienne de l'art action comme outil de<br />

subversion. Il convie dans ses <strong>performance</strong>s artefacts traditionnels, oralité<br />

(spoken word), mais surtout il manie l'humour et l'ironie comme mécanismes<br />

de réflexion et de déconstruction des <strong>stéréotype</strong>s envers <strong>les</strong> Amérindiens.<br />

Selon <strong>Du</strong>rham et Sioui <strong>Du</strong>rand - deux importants acteurs et commentateurs de l' art amérin­<br />

dien contemporain -, l'humour, et particulièrement l'ironie, serait ainsi un outil efficace,<br />

voire nécessaire, pour prendre conscience, et éventuellement dép<strong>la</strong>cer ou subvertir <strong>les</strong> repré­<br />

sentations des Premières Nations. Cet humour, légèrement irrévérencieux, que l'on qualifie<br />

comme étant culturellement amérindien et que 1 'on peut associer <strong>à</strong> <strong>la</strong> figure du tricks ter,<br />

questionne et fait réagir. C'est une forme d'humour performative.<br />

Face aux <strong>stéréotype</strong>s qui touchent <strong>les</strong> cultures amérindiennes, l'ironie interpelle le spec­<br />

tateur et l'amène <strong>à</strong> réaliser <strong>la</strong> nature stéréotypée de ces représentations. Le travail de James<br />

Luna sait adopter un ton qui, sans s'afficher co1mne tel, s'avère particulièrement provocateur.<br />

Dans Leçons de scandale, Arnaud Labelle-Rojoux soutient que le véritable scandale advient<br />

par <strong>la</strong> rupture avec <strong>les</strong> conventions. Il écrit (2000, p. 15) :<br />

L'effet scandaleux implique un défi. Défi, on l'a dit, <strong>à</strong> <strong>la</strong> loi, <strong>à</strong> <strong>la</strong> morale, <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

religion, aux nonnes, au confort. Défi <strong>à</strong> <strong>la</strong> rationalité aussi. Il ne s'agit pas<br />

simplement de <strong>la</strong> question du« nouveau» ou de l' inconnu mais de l'étrangeté<br />

d'œuvres obligeant <strong>les</strong> spectateurs, lecteurs ou auditeurs, <strong>la</strong> surprise passée, <strong>à</strong><br />

penser ou analyser autrement.<br />

Labelle-Rojoux note encore (ibid., p. 138) :<br />

La question de <strong>la</strong> perte des repères est fondamentale lorsque l'on parle de<br />

scandale. [ ... ] La perte de repères apparaît comme une démythification<br />

d'autant plus troub<strong>la</strong>nte lorsqu 'elle <strong>la</strong>isse deviner son contraire : 1 'impérieuse<br />

nécessité des repères (moraux, historiques, politiques, esthétiques).<br />

The Artifact Piece est un scandale muet, une révolte passive. Cette perfonnance-instal<strong>la</strong>tion<br />

p<strong>la</strong>ce ceux et cel<strong>les</strong> qui tentent d'en saisir <strong>les</strong> enjeux et <strong>la</strong> portée, dans un inconfort résultant<br />

d'une perte de repères par rapport <strong>à</strong> ce que serait l'amérindianité. Cette œuvre nous amène <strong>à</strong><br />

penser que <strong>les</strong> Amérindiens ne sont pas des artéfacts. Mais que sont-ils alors ? Devant le<br />

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