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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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L'artiste ridiculise et amérindianise le <strong>stéréotype</strong> de <strong>la</strong> femme b<strong>la</strong>nche posant sur le bord<br />

de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Elle se tient non pas sur du sable blond près de l'océan, mais dans <strong>la</strong> neige, près<br />

d'une rivière dans <strong>la</strong>quelle, faute de vagues, faire du surf serait de toute façon impossible.<br />

Son bikini et ses bottes en fourrure de castor ne sont pas vraiment propices <strong>à</strong> <strong>la</strong> baignade,<br />

alors que l'eau g<strong>la</strong>cée ne l'est pas davantage. Cette image absurde dép<strong>la</strong>ce le <strong>stéréotype</strong> de <strong>la</strong><br />

«beauté» féminine vers un contexte complètement opposé. Pour Car<strong>la</strong> Taunton (2006,<br />

p. 115), « Blondeau 's sexy Surfer-Squaw comments on the <strong>la</strong>clc of inclusion of Aboriginal<br />

women in popu<strong>la</strong>r culture 's fashion and beauty magazines ». Comme le remarquait Jolene<br />

Rickard <strong>à</strong> propos de Cosmosquaw, Lonely Swfer Squaw crée une représentation ironique et<br />

paradoxale de <strong>la</strong> femme, soulignant le caractère « b<strong>la</strong>nc » des figures conventionnel<strong>les</strong> de <strong>la</strong><br />

beauté et de <strong>la</strong> séduction en Amérique du Nord, de même que <strong>la</strong> nécessité d'inventer de<br />

nouvel<strong>les</strong> images. Comme le note Len Find<strong>la</strong>y dans le catalogue Lori Blondeau: Who do you<br />

think you are? (Budney, 2009, p. 19) : « Blondeau is a <strong>performance</strong> artist who uses and<br />

refitses stereotypes».<br />

Posant en bikini de fourrure dans <strong>la</strong> neige, 1 'artiste est <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois sexy et grotesque. Elle<br />

montre son corps partiellement dénudé, jouant le jeu de <strong>la</strong> femme-objet. Mais, ce faisant, elle<br />

montre aussi ce léger surplus de poids qui ne cadre pas avec l'image de <strong>la</strong> Princesse indienne,<br />

ni avec <strong>la</strong> figure stéréotypée de <strong>la</strong> pin-up, comme on <strong>la</strong> retrouve dans ces images qui évo­<br />

quent <strong>la</strong> Californie des Beach Boys et des années cinquante et soixante. En détournant des<br />

<strong>stéréotype</strong>s associés <strong>à</strong> une image séduisante mais réductrice de <strong>la</strong> femme, Blondeau pose un<br />

geste politique qui vise <strong>à</strong> inclure <strong>les</strong> Premières Nations dans l'imaginaire américain de <strong>la</strong><br />

féminité de manière sarcastique. À l'instar des écrivains et penseurs noirs, dont Aimé Cé­<br />

saire, qui se sont réapproprié le mot « nègre », ou des féministes qui ont sciemment employé<br />

des termes tels que « slut », 1 'usage du terme « squaw » chez Blondeau est un acte de reven­<br />

dication et de provocation. Il détourne une expression péjorative pour s'en servir comme une<br />

arme. « The ward that wounds becomes an instrument of resistance », résume Judith Butler<br />

dans Excitable Speech (1997, p. 162). À propos de cet aspect du travail de Blondeau, Lynne<br />

Bell écrit (2004a, p. 51) : « With tongue-in-cheek humour, Blondeau captures the ward thal<br />

wounds and redeploys it in COSMOSQUA W and The Lonely Surfer Squaw, making of it<br />

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