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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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home<strong>la</strong>nd's flora and fatma, with costumes and ritual artifacts that were designed<br />

by the impresario and had little or nothing to do with realit/ 3 .<br />

Dans <strong>les</strong> pratiques évoquées par G6mez-Pefia, <strong>les</strong> spécimens-performeurs ne donnent pas un<br />

spectacle; ils sont en eux-mêmes un spectacle. Le public y assiste non pas pour ce que <strong>les</strong><br />

performeurs exécuteront mais plutôt pour ce qu'ils représentent. Le rôle de ces « artéfacts<br />

humains» consiste <strong>à</strong> coïncider avec leur propre <strong>stéréotype</strong>. Derrière 1 'apparent naturel de leur<br />

jeu de soi-disant non-acteurs, il y a bel et bien un rôle, toujours le même : celui de l'Autre.<br />

On construit autour de lui, comme le souligne G6mez-Pefia, une mis en scène. Comme s'il<br />

découpait un petit morceau du monde pour le parachuter dans un nouveau contexte, le prin­<br />

cipe d'exposition vivante veut donner l'impression d'être une ponction de l'altérité, qui en<br />

présenterait un exemple fidèle, mais bien cadré et c<strong>la</strong>irement délimité. Entre soi et l'autre, il y<br />

a, comme <strong>les</strong> barreaux d'une cage, <strong>la</strong> barrière de <strong>la</strong> représentation. Voil<strong>à</strong> ce qu'ont voulu<br />

reproduire <strong>les</strong> performeurs de Two Undiscovered Amerindians, en actualisant et en ridiculi­<br />

sant <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois cette pratique. Le public paie pour entrer en contact avec 1 'altérité sans danger.<br />

li allonge <strong>la</strong> monnaie pour faire parler Guillermo G6mez-Pefia ou danser Coco Fusco comme<br />

il se procurait un billet pour <strong>la</strong> foire ou lefreak show<br />

En dehors de ces moments où <strong>les</strong> performeurs exécutent une action commandée par le<br />

public, ils jouent <strong>à</strong> être« eux-mêmes». Une impression de quotidienneté et de vague ennui se<br />

dégage de cette non-action, décrite ainsi dans un magazine d'art de Chicago (Barandianin,<br />

1993, p. 41):<br />

They were locked in a gilded cage where they watched a video loop of '50s<br />

Hollywood movies: one about the Spanish-American War and the other a<br />

comedy with voluptuous women dancing in wrap-around skirts. ln the cage<br />

93 Traduction libre : « En 1992, lors des débats houleux entourant Co lomb, Coco Fusco et moi avions<br />

décidé de rappeler aux Etats-Unis et <strong>à</strong> l'Europe " l'autre histoire de <strong>la</strong> <strong>performance</strong> interculturelle": <strong>les</strong><br />

expositions vivantes, <strong>les</strong> tableaux vivants pseudo-ethnographiques et <strong>les</strong> dioramas humains qui éta ient<br />

si popu<strong>la</strong>ire en Europe du XVIIe au début du XXe siècle, et qui, aux Etats-Unis, ont adopté des versions<br />

plus vulgaires encore, tel que le musée <strong>à</strong> dix sous et le freak show. Dans tous <strong>les</strong> cas, le principe<br />

demeurait le même : des "primitifs authentiques" étaient exhibés, en tant qu'artéfacts humains et<br />

spécimens mythiques, dans des cages, des tavernes, des salons, des foires, ainsi que dans des musées<br />

d'ethnographie et d'histoire naturelle, souvent accompagnés d'un échantillon de <strong>la</strong> flore et de <strong>la</strong> faune<br />

de leur patrie, avec des costumes et des objets rituels qui étaient arrangés par 1 'impresario et qui<br />

avaient peu ou rien <strong>à</strong> voir avec <strong>la</strong> réalité. »<br />

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