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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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trickster qui, feignant une gaffe, réussit ce qu ' il souhaitait réussir. Ce<strong>la</strong> ne fonctionne pas <strong>à</strong><br />

tout coup, mais il est possible, par cette astuce dissimilée derrière une apparence d'idiotie ou<br />

une objectivation volontaire, de transfonner quelque chose du réel. Pince-sans-rire, le per­<br />

formeur prend l'apparence du <strong>stéréotype</strong> pour le détourner. li se déguise, que ce soit en<br />

artéfact vivant, en personnages stéréotypés ou en « vrai Indien », pour court-circuiter <strong>les</strong><br />

associations convenues <strong>à</strong> propos des Premières Nations. Si le trickster peut changer le cours<br />

du monde et 1 'affecter de manière irréversible, le perfonneur, pour sa part, peut modifier<br />

notre rapport avec lui.<br />

Ce dép<strong>la</strong>cement vise notamment <strong>la</strong> valeur d'authenticité associée aux représentations<br />

conventionnel<strong>les</strong> des cultures amérindiennes. Dans un texte du catalogue Jndian Legends,<br />

Kerri Sakamoto écrit (Luna, 1993, p. 4):<br />

Luna critiques western anthropological notions of authenticity in which a<br />

culture can only be verified by its material artifacts, historie rituals and traditions.<br />

Like the stereotype, the authentic lndian is a fixed entity whose individual<br />

identity and living reality is denied 80 •<br />

L'authenticité, nous disent <strong>les</strong> <strong>performance</strong>s de l'artiste, n'est pas nécessairement l<strong>à</strong> où nous<br />

le croyons. Ce que nous considérons co1rune étant authentiquement amérindien s'établit<br />

souvent sur des <strong>stéréotype</strong>s. Luna nous invite <strong>à</strong> prendre conscience de 1 'individualité et de <strong>la</strong><br />

réalité derrière <strong>les</strong> conventions. «Luna insists thal authenticity is not a goal j<strong>à</strong>r Jndian peo­<br />

ple, but a prison», comme l'écrit l'auteur de Everything Y ou Know about Indians Is Wrong,<br />

Paul Chaat Smith (Lowe et Smith, 2005, p. 28 ; Chaat Smith, 2009, p. 90).<br />

Dans <strong>la</strong> pratique de James Luna, le <strong>stéréotype</strong> n'est jamais une fin en soi, mais plutôt un<br />

outil de subversion. Le performeur se déguise en <strong>stéréotype</strong> et, ce faisant, en fissure l'image<br />

conventionnelle. Il <strong>la</strong>isse sourdre, <strong>à</strong> travers le cliché craquelé, une identité singulière et com­<br />

plexe, une réalité vivante et elle aussi complexe, comme si <strong>la</strong> force dynamique de cette iden­<br />

tité et de cette réalité faisait ployer <strong>les</strong> conventions sous le poids de l'urgence d'en finir avec<br />

80<br />

Traduction libre: «Luna critique <strong>la</strong> vision anthropologique occidentale de l'authenticité selon<br />

<strong>la</strong>quelle une culture ne peut être authentifiée que par ses artéfacts matériels, ses rituels historiques et<br />

ses traditions. Comme le <strong>stéréotype</strong>, l'Amérindien authentique est une entité fixée dont 1 'identité<br />

individuelle et <strong>la</strong> réalité vivante sont niées.»<br />

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