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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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œuvre intitulée The End of the Trail (1990), James Luna avait d'ailleurs pastiché lui aussi <strong>la</strong><br />

célèbre sculpture de Fraser qui illustre le mythe du « vanishing lndian », posant assis sur un<br />

établi (plutôt que sur un cheval) et tenant dans sa main une bouteille d'alcool (plutôt qu'une<br />

<strong>la</strong>nce/ 01 • Luna dép<strong>la</strong>çait <strong>la</strong> figure de« l'Indien qui se meurt», pour en donner une version<br />

actuelle, où l'alcoolisme remp<strong>la</strong>ce le romantisme. Dans le cas de Houle, le détournement fait<br />

intervenir l'imaginaire de l'enfance, du jouet: un costume de papier dans Remember in<br />

Grade ... et un cheval <strong>à</strong> bascule dans End Traits 1 Traits End, où il tient également, non pas<br />

une <strong>la</strong>nce, mais une branche, comme le font bien des enfants en jouant dans un parc.<br />

À <strong>la</strong> manière du trickster, qui semble parfois échouer volontairement afin de réaliser son<br />

dessein, l'artiste représente l'amérindianité stéréotypée en sachant très bien que ce<strong>la</strong> ne<br />

fonctionnera pas. Le débardeur et le cheval sont évidemment (et intentionnellement) trop<br />

petits. Par ailleurs, il ne s'agit pas d'une veste de cuir patiemment perlée, mais d'un sac de<br />

papier brun découpé, sur lequel on a peint avec de <strong>la</strong> gouache. Et il ne s'agit pas d'un majes­<br />

tueux destrier fi<strong>la</strong>nt <strong>à</strong> travers <strong>la</strong> prairie, mais d'un cheval en p<strong>la</strong>stique, cloué au sol par un<br />

ressort d'acier. L'artiste mime l'échec et <strong>la</strong> désillusion en adoptant une posture<br />

d'atermoiement qui, tout en reprenant <strong>la</strong> figure sculptée par Fraser, contraste fortement avec<br />

l'allure fière du guerrier amérindien. Devant <strong>les</strong> œuvres de Terrance Houle, le spectateur ne<br />

peut qu'admettre <strong>la</strong> distance entre une représentation fantasmée de l'amérindianité et ce<br />

qu'elle serait dans son actualité, mais aussi dans sa banalité, sa trivialité.<br />

Dans une récente édition du magazine Backf<strong>la</strong>sh, Felicia Gay remarque (2010, p. 38):<br />

«ln his practice as an artist, Houle clowns the politics of his social, cultural and persona!<br />

environment. Clowning or the use of humour, is a tricks ter strategy. » Terrance Houle fait en<br />

effet le clown avec <strong>les</strong> <strong>stéréotype</strong>s. Il jongle avec <strong>les</strong> clichés, <strong>les</strong> échappe volontairement afin<br />

qu'ils se brisent dans le regard du spectateur. Gay poursuit (ibid. , p. 41): « A majority of<br />

Houle 's work touches on the absurd or kitsch. He has a natural ability of weaving complex<br />

narratives into seemingly frivolous or silly tapies». Derrière l'apparence ridicule ou rigolote<br />

201 Pour une analyse plus détaillée des re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> sculpture de Fraser et ses pastiches par des<br />

artistes contemporains, voir Wendy L. Butler (20 1 0), « James Earl Fraser's Th e End of the Trail:<br />

Affect and the Persistence of an leonie Indian Image ».<br />

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