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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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sin, l'artiste, accompagné de sa conjointe et de leurs enfants, recréent des scènes de <strong>la</strong> vie<br />

quotidienne comme s'ils se trouvaient dans leur propre maison: retour du travail du mari,<br />

repas en famille, discussion éducative avec <strong>les</strong> enfants, légère querelle de couple en faisant <strong>la</strong><br />

vaisselle, etc. À travers l'inauthenticité de <strong>la</strong> situation, également présentes chez Vidal, ce<br />

sont <strong>les</strong> <strong>stéréotype</strong>s qui sautent aux yeux. Le film de Ben-Ner et <strong>la</strong> <strong>performance</strong> de Vidal<br />

soulignent <strong>la</strong> prégnance des clichés dans <strong>la</strong> vie contemporaine et permettent de prendre<br />

conscience de cette banalité que l'on ne remarque. C'est «ainsi que <strong>les</strong> hommes vivent»,<br />

pourrait-on dire en paraphrasant le célèbre poème d'Aragon où « tout est affaire de décor».<br />

En jouant <strong>à</strong> l'homme moderne, le comédien et l'artiste nous rappellent que <strong>les</strong> <strong>stéréotype</strong>s<br />

sont partout, que notre existence et nos conditions de vie participent de lieux communs.<br />

Dans leur <strong>performance</strong>, Coco Fusco et Guillermo G6mez-Pefia incarnent également<br />

deux clichés vivants, mais en adoptant un autre rôle: non pas celui de l'homme urbain,<br />

occidental et b<strong>la</strong>nc, mais celui de l'Autre, exotique et primitif. Au mobilier banal de <strong>la</strong> mo­<br />

dernité (table, téléviseur, radio) s'ajoutent ici des éléments hétéroclites, associés <strong>à</strong> une primi­<br />

tivité de pacotille. La scénographie de <strong>la</strong> <strong>performance</strong> conjugue deux univers de références<br />

tout aussi convenus l'un que l'autre. La cohabitation de ces clichés rend évident ce qui op­<br />

pose, au niveau de <strong>la</strong> représentation, le monde dit civilisé et le monde dit sauvage. Cette<br />

construction d'un imaginaire de <strong>la</strong> non-civilisation s'é<strong>la</strong>bore toutefois <strong>à</strong> partir d'éléments<br />

provenant de <strong>la</strong> civilisation, de <strong>la</strong> société de consommation. C'est une primitivité que l'on<br />

peut, pour ainsi dire, acheter au magasin. À <strong>la</strong> manière du décor IKEA du film de Guy Ben­<br />

Ner, où tout donne l'impression d'être vrai alors que tout est faux (<strong>les</strong> livres dans <strong>les</strong> biblio­<br />

thèques, par exemple, sont en fait des boîtes en carton), le mobilier de <strong>la</strong> cage et <strong>les</strong> costumes<br />

de Fusco et G6mez-Pefia participent d'une esthétique du trompe-l 'œil. Dans Two Undiscove­<br />

red Amerindians, <strong>les</strong> matériaux évoquant <strong>la</strong> primitivité et qui en apparence ne sont pas trans­<br />

formés (collier, p<strong>la</strong>stron, coiffe de plumes, etc.) sont en fait des objets manufacturés, des<br />

produits de consommation.<br />

Comme l'illustrait <strong>la</strong> <strong>performance</strong> d'Albert Vidal, l'homme urbain est un primate dans<br />

un monde où <strong>la</strong> primitivité n'a jamais existé ailleurs que dans l'imaginaire colonial. Il n'y a<br />

pas autre chose que <strong>la</strong> civilisation, il n'y a que différentes fonnes de civilisation, nous disent<br />

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