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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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comme on le ferait avec une vedette. Ainsi, le sujet amérindien est <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois un élément de<br />

décor (l'Indien« de service») et une rock star, quelqu'un avec qui l'on est fier de poser.<br />

Si l'on veut jouer le jeu, si l'on veut rire du <strong>stéréotype</strong>, il faudrait choisir 1 'ln dien paré<br />

ou encore l'Indien en pagne, et non l'Indien en civil, qui n'a rien de l'authenticité feinte, ou<br />

moquée, par le dispositif. Il n'y a pas d'humour dans ce portrait de Luna en pantalon et en t­<br />

shirt. Si je veux, en tant que spectateur, participer de <strong>la</strong> satire opérée par <strong>la</strong> <strong>performance</strong>, ce<br />

n'est pas celui avec qui je vais poser. Comment alors montrer que 1 'on refuse de cautionner le<br />

<strong>stéréotype</strong>, comme le demandait Lara Evens <strong>à</strong> propos de Petroglyphs in Motion ? Doit-on<br />

s'éloigner des clichés pour marquer une distance, ou alors s'en rapprocher pour montrer que<br />

l'on a bien compris qu'il s'agit de clichés et que cette ironie participe d'une critique des<br />

représentations? Malgré son caractère convivial, participatif et inoffensif, il n'y a pas de<br />

position confortable ou de choix idéal pour le spectateur dans <strong>les</strong> <strong>performance</strong>s de Luna,<br />

particulièrement dans Take a Picture with a Real Jndian. Le spectateur participant doit se<br />

compromettre, témoigner de sa propre négociation avec <strong>les</strong> <strong>stéréotype</strong>s de 1 'amérindianité. Il<br />

le fait également devant <strong>les</strong> autres spectateurs et devant un « vrai » Amérindien, ce qui ren­<br />

force le sentiment d'inconfort. Commentant <strong>la</strong> présentation de <strong>la</strong> <strong>performance</strong> en Angleterre<br />

en 2003, Jaide Mead écrit (2011, en ligne) : « Ojien it causes non-Jndians ta make an uncom­<br />

fortable choice about who they believe the reallndian ta be, and moreover they have ta make<br />

thot decision in front of an lndian. »<br />

La plus récente présentation de Take a Picture with a Reallndian, en 2010, renforçait<br />

cette tension, en prenant p<strong>la</strong>ce dans un contexte lui-même lourd de sens. Elle avait en effet<br />

lieu <strong>à</strong> <strong>la</strong> Columbus P<strong>la</strong>za de Washington, devant <strong>la</strong> sculpture représentant Christophe Co­<br />

lomb, <strong>la</strong> journée du Colombus Day, soit le 10 octobre 77 . Le lieu et le moment n'auraient pu<br />

être mieux choisis pour critiquer et détourner <strong>la</strong> représentation conventionnelle des cultures<br />

amérindiennes. Avant <strong>la</strong> <strong>performance</strong>, présentée en plein centre-ville de 16h15 <strong>à</strong> 17h45, soit<br />

<strong>à</strong> une heure de grande affluence, James Luna a prononcé un bref discours, dans lequel il<br />

dénonce ces conventions :<br />

77 Un extrait vidéo se trouve en ligne sur <strong>la</strong> page Facebook du National Museum of the American<br />

Indian : https://www.facebook.com/video/video.php?v=10100243886416480 [mars 2011].<br />

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