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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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qu'el<strong>les</strong> investissent en un espace où <strong>la</strong> présence et <strong>la</strong> résistance des Premières Nations peu­<br />

vent être entendues et discutées.<br />

Une des forc es des œuvres de Heap of Birds réside dans leur capacité <strong>à</strong> conjuguer dissi­<br />

dence et dialogue. La provocation contenue dans leur discours, si elle véhicule une charge de<br />

violence contestataire, invite <strong>à</strong> une véritable réfl exion. Dans l'espace re<strong>la</strong>tivement silencieux<br />

de <strong>la</strong> ville, l'artiste affi che des cris en caractères gras, une vo ix martelée <strong>à</strong> coups de change­<br />

ment de lignes. L' aspect sobre des panneaux-rec<strong>la</strong>me favo ri se <strong>la</strong> lisibilité de ces «insurgent<br />

messages». S'inscrivant dans un contexte de diffusion légitime (commandité par des institu­<br />

tions artistiques) et en un sens conventionnel (<strong>les</strong> codes de l'écriture publicitaire), <strong>la</strong> parole<br />

véhiculée par l'artiste peut être prise au sérieux. Qu 'un graffiti exprime une idée contestataire<br />

ne surprendra personne. On se pose assez peu de questions devant un « punk 's not de ad » ou<br />

un « nique <strong>la</strong> police», mais on s'en pose un peu plus devant <strong>les</strong> œuvres d'Edgar Heap of<br />

Birds, dont <strong>la</strong> facture n'a rien du gribouillis. Ainsi, le spectateur, qu ' il soit vo lontaire (s'il a<br />

visité <strong>la</strong> Nuit b<strong>la</strong>nche 2008 de Toronto) ou involontaire (s'il est passé par l<strong>à</strong> le lendemain en<br />

al<strong>la</strong>nt faire des courses par exemple), percevra cette voix comme un discours recevabl e,<br />

malgré son caractère dissident et provocateur. Cette parole perfo rmative di alogue avec son<br />

public. Elle provoque ceux <strong>à</strong> qui elle s'adresse, mais provoque aussi une rencontre avec ceux­<br />

ci, <strong>les</strong> invitant, <strong>à</strong> travers leur expérience de l'œuvre dans l'espace urbain, <strong>à</strong> réfl échir aux<br />

Premières Nations et, possiblement, <strong>à</strong> <strong>les</strong> percevoir autrement.<br />

Le traité urbain de Marvin Francis<br />

On retrouve cette tension entre di alogue et di ssidence dans <strong>la</strong> poésie de Marvin Fran­<br />

cis239. Dans son recueil intitulé City Treaty (2002), il revisite <strong>la</strong> figure du traité colonial et<br />

239 Marvin Francis est un écrivain né en 1955 dans <strong>la</strong> réserve de Heart Lake, au nord de l'Alb erta. Il<br />

s'était établi <strong>à</strong> Winnipeg, où il est décédé du cancer, en 2005. Il a écrit pour le théâtre, <strong>la</strong> rad io et <strong>la</strong><br />

télévision, en plus de réaliser quelques mises en scènes, de même que des to i<strong>les</strong> et des co ll ages. Son<br />

premier livre, City Treaty, constitua it son mémoire de maîtTise en création littéraire, fa it <strong>à</strong> l'Université<br />

du Manitoba. 11 y poursuivait des études de doctorat au moment de son décès, et ses archives y ont été<br />

déposées. Un recueil posthume, Bush Camp, est paru en 2008. Actif sur <strong>la</strong> scène canadienne du spoken<br />

ward, Marvin Francis était un membre fo ndateur de l' Aboriginal Wri ters Co llective of Mani toba, en<br />

plus de siéger sur <strong>les</strong> comités de <strong>la</strong> Manitoba Writers' Guild et de <strong>la</strong> Urban Shaman Gallery, qui a<br />

nommé une de ses sal<strong>les</strong> d'exposition en son honneur.<br />

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