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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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L'art et l'écriture de <strong>Du</strong>rham refusent de jouer le jeu de l'Indien imaginaire, de se <strong>la</strong>isser<br />

figer, comme <strong>les</strong> «maîtresses-cherokees» de Josée Yvon, par leur propre image. Lucy Lip­<br />

pard souligne <strong>à</strong> ce propos (1993, p. 66-67) :<br />

<strong>Du</strong>rham challenges long-held assumptions about Indians and Indian art. Like<br />

many Native modemists, he has long been caught between reluctance to exploit<br />

his Indiatmess and pride in his battered heritage. "We have this trouble with<br />

subject matter," he says. "We're either not supposed to refer to our own people<br />

and our own situation at ail, or we're supposed to exclusive! y refer to that. .. 259 "<br />

Avec rigueur et humour, <strong>Du</strong>rham tente de mettre de côté <strong>les</strong> conventions non-amérindiennes<br />

de représentation des Premières Nations pour exprimer autrement l'amérindianité.<br />

Dans le poème « Columbus Day», il fait intervenir <strong>à</strong> même le récit de <strong>la</strong> colonisation<br />

des sujets amérindiens qui ne sont pas que des éléments de décor anonymes, mais de vérita­<br />

b<strong>les</strong> êtres humains, dotés d'une histoire, d'une sensibilité et d'une agentivité qui leur permet­<br />

tent de résister <strong>à</strong> l'envahissement, de cracher au visage de Christophe Colomb. Dans « Little<br />

1nsults », <strong>Du</strong>rham (1983, p. 44) donne <strong>à</strong> l'amérindianité un visage personnel, qui rejoint et<br />

déjoue <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois <strong>les</strong> <strong>stéréotype</strong>s : « This guy 1 know says when 1ndians are drunk 1 Then we say<br />

what we really fee!. 11 really fee! bad». En lui insuff<strong>la</strong>nt une personnalité et une subjectivité,<br />

le poète fissure le cliché, plus récent mais tout aussi anonyme et péjoratif, de l'Indien alcooli­<br />

que. Il se moque de sa situation culturelle, physique et financière, tout en indiquant que ce<strong>la</strong><br />

n' a rien de drôle : « it ain 't funny [ ... ] it 's real! y sad», écrit-il <strong>à</strong> <strong>la</strong> fm du poème. <strong>Du</strong>rham est<br />

constamment tout autant sérieux qu'ironique.<br />

Être soi, être amérindien<br />

Ce paradoxe est présent dans Self-Portrait (1987), une œuvre <strong>à</strong> mi-chemin entre <strong>la</strong> pein­<br />

ture et <strong>la</strong> sculpture. Conçue pour être accrochée <strong>à</strong> environ 30 centimètres du mur, <strong>la</strong> toile<br />

peinte est découpée selon <strong>la</strong> forme d'une silhouette, représentant le corps de l'artiste. Le<br />

259 Traduction libre:« <strong>Du</strong>rham défie <strong>les</strong> idées reçues concernant <strong>les</strong> Amérindiens et l'art amérindien.<br />

Comme de nombreux autochtones modernistes, il a longtemps été coincé entTe <strong>la</strong> réticence <strong>à</strong> exploiter<br />

son amérindianité et <strong>la</strong> fierté de son héritage cabossé. "Nous avons un problème <strong>à</strong> ce sujet, dit-il. Soit<br />

nous ne devons pas faire référence <strong>à</strong> notre peuple et <strong>à</strong> notre situation du tout, soit nous sommes censés<br />

référer exclusivement <strong>à</strong> ce<strong>la</strong>."»<br />

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