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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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le rappelle Isabelle St-Amand (2009, p. 147) : «La crise d'Oka, qui découle d'un projet<br />

controversé de développement municipal sur des terres revendiquées par <strong>les</strong> Mohawks,<br />

constitue <strong>la</strong> scénographie d'identités antagonistes quant <strong>à</strong> <strong>la</strong> territorialité. » Elle ajoute (ibid.,<br />

p. 148) : «Objet d'une médiatisation intense, le conflit n'est pas circonscrit aux lieux du<br />

siège mais prend également p<strong>la</strong>ce dans 1 'espace public, où se heurtent des concepts diver­<br />

gents du lien au territoire. » Investissant ce conflit de manière polyphonique, le sujet du<br />

poème chez Boisvert prend tantôt <strong>les</strong> traits d'un guerrier mohawk, tantôt ceux d'un membre<br />

de l'armée canadienne, ailleurs ceux d'un Québécois qui fait preuve d' incompréhension<br />

raciste ou encore d'un autre qui montre davantage d'empathie.<br />

Voleurs de cause permet de considérer une perspective non-autochtone vis-<strong>à</strong>-vis de <strong>la</strong><br />

question des clichés des Premières Nations. À l'instar de <strong>la</strong> <strong>performance</strong> de Coco Fusco et<br />

Guillermo G6mez-Pefia, qui ne sont pas des artistes amérindiens, <strong>la</strong> poésie d'Yves Boisvert<br />

démontre que le détournement des représentations figées des cultures amérindiennes peut<br />

également se déployer d'un point de vue allochtone. Si l'image de l'Indien participe d'une<br />

construction symbolique « b<strong>la</strong>nche», il appartient également aux « liberal Whites » évoqués<br />

par Robert Berkhofer (1979, p. 197; infra, p. 51) de contribuer <strong>à</strong> sa critique et <strong>à</strong> sa<br />

déconstruction. Un peu comme Terrance Houle jouait <strong>à</strong> l'homme occidental dans Urban<br />

lndian, ces créateurs jouent en quelque sorte aux Indiens, mais d'une façon radicalement<br />

différente de celle employée par <strong>les</strong> indianophi<strong>les</strong> ou ceux que Daniel Francis (1992, p. 109;<br />

infra, p . 34) nomme <strong>les</strong>« p<strong>la</strong>stic shamans ».<br />

Avec <strong>la</strong>« verve acérée» qui le caractérise et que souligne Denise Brassard (1994, p. 10),<br />

Yves Boisvert joue tous <strong>les</strong> rô<strong>les</strong>, adopte toutes <strong>les</strong> positions, endosse tous <strong>les</strong> discours possi­<br />

b<strong>les</strong>. À travers ce jeu de masques qui emprunte par moments au caractère grossissant et<br />

irrévérencieux de <strong>la</strong> caricature - ou encore <strong>à</strong> <strong>la</strong> figure sans cesse mouvante du trickster - , il se<br />

dégage un appel <strong>à</strong> l'insoumission. Vo leurs de cause constitue un p<strong>la</strong>idoyer qui critique <strong>la</strong><br />

réduction stéréotypée de l'altérité. Marie-C<strong>la</strong>ude Girard (1992, p. 27) écrit <strong>à</strong> propos de ce<br />

livre :<br />

Cette analyse de <strong>la</strong> crise d'Oka sous forme de poème aurait pu se transformer<br />

en poésie de circonstance, genre vieillot et surfait s'il en est. Pas de danger<br />

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