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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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oppose une représentation stéréotypée <strong>à</strong> une interprétation subjective forte, pour montrer que<br />

l'amérindianité n'est pas qu'un ramassis d'images qui permettent de vendre <strong>la</strong> bravoure, le<br />

courage, <strong>la</strong> résistance sympathique. Son travail s'inscrit dans une entreprise de détournement<br />

des représentations, de sabotage des clichés. Ouvrant cette valise qu'est l'image, pour repren­<br />

dre <strong>la</strong> métaphore de Steven Bernas (2006b, p. 141; infra, p. 44), il dévoile son contenu idéo­<br />

logique et y injecte une forte dose d'agentivité. Ce faisant, Heap of Birds ruse avec <strong>les</strong><br />

<strong>stéréotype</strong>s et désamorce l'efficacité de ces images convenues.<br />

L'énoncé d'American Leagues est limpide, mais son énonciation s'avère plus complexe.<br />

À qui s'adresse ce message? À qui demande-t-on de sourire pour le racisme? Qu'est-ce que<br />

ce<strong>la</strong> signifie exactement? Cette injonction pose des questions. Elle est provocante parce<br />

qu'elle fait réagir et poétique parce que sa signification ne peut être épuisée par une interpré­<br />

tation rapide, qui pourrait décoder immédiatement le sens du message qu'elle contient. Elle<br />

est également performative, non pas parce qu'elle réaliserait quelque chose avec le <strong>la</strong>ngage,<br />

mais parce qu'elle fait réaliser quelque chose dans <strong>la</strong> tête de celui ou celle qui est face <strong>à</strong> ces<br />

mots. L'inscription« SMILE FOR RACISM » provoque ainsi une réaction et une réflexion. Est­<br />

ce <strong>la</strong> mascotte qui sourit, l'équipe, ses dirigeants, ses partisans, ou bien tous ceux qui ne<br />

voient pas ou qui nient <strong>la</strong> dimension raciste de cette représentation ? Est-ce le racisme lui­<br />

même qui se donne un air inoffensif, sympathique ? Face au racisme, justement, on ne sourit<br />

pas, ce<strong>la</strong> ne se fait pas. Mais que peut-on faire alors ?<br />

La phrase« SMILE FOR RACISM »ne souhaite pas que l'on fasse ce qu'elle énonce, mais<br />

qu'on réfléchisse <strong>à</strong> ce qu'implique cet énoncé. Dans 1 'ouvrage collectif Deconstructions: A<br />

User's Guide, Diane E<strong>la</strong>m remarque le même processus <strong>à</strong> propos d'une œuvre de Jenny<br />

Holzer, affichée en 1987 sur le panneau indicateur du Cand<strong>les</strong>tick Park, <strong>à</strong> San Francisco,<br />

durant un match de baseball, et où on lisait: « Raise boys and girls the same way ». E<strong>la</strong>m<br />

écrit (Royle, 2000, p. 86-87) :<br />

What exactly would it mean to raise boys and girls the same way? How could<br />

it be brought about? What cultural differences or contexts would be needed<br />

as frames in which to generate any answer? ls it always desirable to raise<br />

boys and girls the same way? Should gender difference be done away with<br />

altogether to produce a society that is gender indifferent, or should there be<br />

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