25.06.2013 Views

Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La présence du public devient alors une partie intégrante de l'œuvre, alors que le per­<br />

fonneur se p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> position paradoxale d'être un objet vivant. Le contexte dans lequel<br />

prend p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> première version de The Artifact Piece renforce ce paradoxe. Un Musée de<br />

l'Hol11111e est un endroit où règne l'inanimé. Plus encore que dans une institution artistique,<br />

<strong>les</strong> objets sont accompagnés d'informations qui <strong>les</strong> expliquent, <strong>les</strong> historicisent, guidant le<br />

regard et <strong>la</strong> compréhension du spectateur. Faire face <strong>à</strong> un « objet vivant» dans un tel lieu est<br />

pour le moins improbable. En même temps, on peut y éprouver le fantasme de voir l'Histoire<br />

prendre vie <strong>à</strong> travers ses manifestations matériel<strong>les</strong> ; fantaisie incarnée notamment dans <strong>la</strong><br />

comédie Night at the Museum, réalisée en 2006 par Shawn Levy, où le contenu du Musée<br />

d'histoire naturelle de New York s'anime <strong>la</strong> nuit venue. Dans le cas de <strong>la</strong> <strong>performance</strong> de<br />

James Luna, c'est l'histoire des Premières Nations qui, soudainement, prend vie.<br />

Bien que ce<strong>la</strong> demeure généralement surprenant, on peut en quelque sorte s'attendre, en<br />

tant que spectateurs, <strong>à</strong> faire face <strong>à</strong> un corps vivant plutôt qu'<strong>à</strong> un objet inanimé dans une<br />

galerie ou un musée d'art contemporain. Certains visiteurs, en se rendant <strong>à</strong> <strong>la</strong> galerie René<br />

Block, <strong>à</strong> New York, en mai 1974, pour voir 1 Like America and America Likes Me de Joseph<br />

Beuys, ont sans doute été surpris d'y voir, derrière un gril<strong>la</strong>ge, un homme et un coyote. Mais<br />

cette surprise s'inscrit néanmoins dans l'horizon d'attente de l'art contemporain. Ce<strong>la</strong>, tout<br />

comme le fait de devoir frôler une femme et un homme nus pour entrer dans <strong>la</strong> salle d'une<br />

galerie d'art, est certes troub<strong>la</strong>nt pour le spectateur. On l'imagine se demander:« Dois-je <strong>les</strong><br />

regarder? Établir une forme de contact? Vais-je me p<strong>la</strong>cer pour faire face <strong>à</strong> 1 'homme ou <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

femme? Vais-je passer rapidement pour ne pas prolonger le contact ou doucement et en<br />

retenant mon souffle afin de tenter de l'éviter le plus possible? » Être déstabilisé constitue un<br />

risque, mais peut-être aussi un souhait, pour qui entre en contact avec l'art contemporain.<br />

Au Musée de l'Homme de San Diego par contre, le contexte diffère. Rien ne préparait <strong>la</strong><br />

très grande majorité des visiteurs <strong>à</strong> cette rencontre inopinée avec un « artéfact » humain. La<br />

<strong>performance</strong> avait été organisée par une institution artistique, mais prenait p<strong>la</strong>ce dans un lieu<br />

qui n'est pas dédié <strong>à</strong> l'art contemporain. La <strong>performance</strong> faisait partie d'un projet de <strong>la</strong> Sushi<br />

Gallery intitulé Streets Sets, qui visait justement <strong>à</strong> diffuser des pratiques artistiques dans<br />

l'espace public (voir McDonald, 1987, en ligne). D'après <strong>la</strong> critique d'art amérindienne<br />

71

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!