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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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pour résumer le discours, simple et direct, de l'œuvre. L<strong>à</strong> encore, Luna prend comme point de<br />

départ des conventions établies pour ensuite, comme le suggérait Amelia Jones <strong>à</strong> propos de<br />

Dream Hat Ritual, <strong>les</strong> compliquer. C'est <strong>à</strong> partir du corps que ce détournement et cette com­<br />

plication du rapport conventionnel aux Premières Nations ont lieu. lei aussi, James Luna est<br />

l'objet de l'œuvre. Take a Picture with a Reallndian représente trois visages de <strong>la</strong> figure de<br />

l'Amérindien et en même temps trois visages de l'artiste lui-même. Face aux photographies,<br />

<strong>les</strong> spectateurs sont conviés <strong>à</strong> choisir l'image qu'ils préfèrent ou qui, selon eux, représente le<br />

mieux un « vrai » Amérindien. Ensuite, le spectateur p<strong>la</strong>ce son corps près de celui, réel<br />

(pendant <strong>la</strong> <strong>performance</strong>) ou photographié (lorsque l'œuvre est présentée par <strong>la</strong> suite sous<br />

forme d'instal<strong>la</strong>tion), de l'artiste. Ici encore, le spectateur doit s'interroger par rapport aux<br />

<strong>stéréotype</strong>s de 1' amérindianité.<br />

L'œuvre prend <strong>la</strong> forme d'un jeu. L'ironie fait en sorte que <strong>la</strong> <strong>performance</strong> nie son titre.<br />

Take a Picture with a Real Jndian, nous demande-t-elle, mais elle nous dit en même temps<br />

qu'il n'y a pas de« Reallndian »,qu'un« vrai Amérindien», ce<strong>la</strong> n'existe pas. Non seule­<br />

ment s'agit-il de photographies sur panneau, mais, en en montrant trois versions, Luna illus­<br />

tre qu'il y a différentes incarnations, plus ou moins stéréotypées, d'un « vrai Amérindien». Il<br />

y a l'Amérindien des cérémonies, celui des danses, des rituels et des pow-wows, costumé <strong>à</strong><br />

l'image du chaman ou du« grand chef». Il y a l'Amérindien sauvage, celui qui vit, presque<br />

nu, dans <strong>la</strong> nature et qui correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong> vision du Bon Sauvage, glorifiée notamment par<br />

Jean-Jacques Rousseau. Ce sont deux clichés. Y en a-t-il un qui ait l'air plus ou moins au­<br />

thentiquement amérindien ? Au spectateur de juger. James Luna, en lui demandant de prendre<br />

une photographie avec un de ces <strong>stéréotype</strong>s, demande au spectateur de réfléchir aux idées<br />

préconçues qu'il peut avoir par rapport aux Premières Nations et <strong>à</strong> leur représentation.<br />

Il y a aussi l'Amérindien d'aujourd'hui, celui qui ne porte plus de signes traditionnels et<br />

conventionnels de sa culture. ll est comme tout le monde. Est-il pour ce<strong>la</strong> moins amérindien,<br />

moins réellement amérindien ? Le dispositif de <strong>la</strong> <strong>performance</strong> ne <strong>la</strong>isse pas vraiment le<br />

choix de répondre «bien sûr que non». Parce qu'elle est, pour ainsi dire, sur le même pied<br />

que <strong>les</strong> deux autres, cette représentation prend <strong>la</strong> même valeur, et cette valeur est directement<br />

reliée <strong>à</strong> une identité amérindienne réelle. Voici un vrai Amérindien, en voici un deuxième, et<br />

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