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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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La représentation en art et en littérature, où le caractère anodin des choses ne l'estjamais<br />

entièrement, oscillerait donc entre l'obéissance et <strong>la</strong> désobéissance aux conventions. On<br />

reconnaît le <strong>stéréotype</strong>, mais quelque chose ne va pas. Un doute s'installe, suite <strong>à</strong> cette re­<br />

connaissance troublée, semb<strong>la</strong>ble <strong>à</strong> cette énigme du cliché soulignée par Char<strong>les</strong> Grive!. ll y a<br />

comme une fissure dans le travail ordinaire de <strong>la</strong> convention, qui vise <strong>à</strong> créer instantanément<br />

une adéquation entre une forme et un contenu qui y est projeté. Face <strong>à</strong> <strong>la</strong> convention, on ne se<br />

pose généralement pas de question. Mais devant cel<strong>les</strong> qu'utilisent <strong>les</strong> artistes et <strong>les</strong> écrivains,<br />

l'équation se trouve compliquée. Il est alors possible de relever le processus effacé de <strong>la</strong><br />

convention qui, <strong>à</strong> l'instar du <strong>stéréotype</strong>, tend <strong>à</strong> gommer son principe même. Cette mise en<br />

doute, en mouvement, fonctionne en représentant <strong>les</strong> choses, comme l'écrit Goodman,<br />

« presque, mais pas tout <strong>à</strong> fait » selon <strong>les</strong> conventions habituel<strong>les</strong>.<br />

Tel que le soutient Henri Quéré (Ma this, 1998, p. 10 1-112), « le cliché, <strong>à</strong> travers son<br />

image convenue et son côté familier, peut servir de base ou de tremplin pour introduire du<br />

nouveau ou pour conduire vers l'inconnu». Une utilisation disconvenante des <strong>stéréotype</strong>s<br />

permet de mettre en jeu cette tension entre ces « unités familières» et ces «objets origi­<br />

naux» évoquée par Goodman. Elle appelle <strong>à</strong> une esthétique de réutilisation ou de réaména­<br />

gement des clichés. Jean Molino écrit <strong>à</strong> ce sujet (ibid., p. 56) :<br />

Nous ne pouvons échapper totalement aux clichés et <strong>à</strong> <strong>la</strong> mode. ll est donc<br />

préférable, au lieu de poursuivre <strong>la</strong> chimère d'un <strong>la</strong>ngage pur et d'une<br />

connaissance assurée, de faire preuve d'une certaine allégresse dans l'usage<br />

du vieux et du neuf. Pour le vieux, le bon écrivain, comme <strong>la</strong> bonne maîtresse<br />

de maison, doit connaître 1 'art d'accommoder <strong>les</strong> restes ; c'est une autre leçon<br />

de <strong>la</strong> postmodernité, que nous donne en particulier l'architecture: il n'y a<br />

aucune honte <strong>à</strong> se servir du cliché, et pas seulement de façon ironique.<br />

Contrairement <strong>à</strong> une attitude qui voudrait se défaire <strong>à</strong> tout prix du cliché, voire de <strong>la</strong> représên­<br />

tation, pour ne pas participer de <strong>la</strong> propension au préjugé du premier ou de l'immobilisme<br />

autoritaire de <strong>la</strong> seconde, Molino p<strong>la</strong>ide en faveur d'un usage volontaire des <strong>stéréotype</strong>s,<br />

d'une pratique créative qui <strong>les</strong> utilise consciemment et de manière pour ainsi dire décom­<br />

plexée. Cette approche invite <strong>à</strong> s'approprier <strong>les</strong> <strong>stéréotype</strong>s et <strong>à</strong> <strong>les</strong> réarticuler.<br />

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