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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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Dans le dispositif de l'œuvre, il y a, d'un côté, des objets traditionnels amérindiens (de <strong>la</strong><br />

culture luisefio) et, de l'autre, des objets américains contemporains (qui reflètent <strong>les</strong> goûts<br />

personnels de l'artiste). Entre <strong>les</strong> deux se trouve le corps immobile et presque nu de James<br />

Luna. Cette disposition incarne <strong>la</strong> position du sujet amérindien d'aujourd' hui, qui se situe <strong>à</strong><br />

mi-chemin entre <strong>la</strong> tradition et <strong>la</strong> modernité. Luna réunit ces deux pô<strong>les</strong> qu'on oppose sou­<br />

vent de manière irréconciliable. Dé<strong>la</strong>issant le caractère mythique de <strong>la</strong> figure de l'Indien, <strong>la</strong><br />

mise en scène de l'identité personnelle et culturelle dans Th e Artifact Piece donne un portrait<br />

ordinaire de l'amérindianité. Le performeur a choisi d'éviter <strong>les</strong> conventions d'authenticité<br />

amérindienne (cet Indien plus vrai que <strong>les</strong> vrais Amérindiens) pour plutôt proposer une autre<br />

forme d'authenticité : être« simplement» soi-même.<br />

Avec sobriété, l'artiste nous dit en somme :« voici ma culture, voici ce que j 'aime, voici<br />

mon corps». James Luna ne tente pas de représenter <strong>les</strong> Premières Nations en général, mais<br />

lui-même en tant que sujet singulier. La question <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle son action répond n'est<br />

pas« Qu'est-ce qu'était un Indien?» mais plutôt « Comment peut être un Amérindien au­<br />

jourd'hui?» The Artifact Piece nous montre qu ' il peut s'agir d'un homme qui n'a rien<br />

d'extraordinaire, qui est divorcé et qui aime <strong>les</strong> Rolling Stones. Le performeur nous invite <strong>à</strong><br />

disconvenir de ce préjugé qui relègue <strong>les</strong> cultures amérindiennes <strong>à</strong> une époque qui précède le<br />

contact et <strong>la</strong> colonisation, <strong>à</strong> une époque où Ginsberg, Godzil<strong>la</strong> et <strong>les</strong> Giants de San Francisco<br />

n'existaient pas. Face aux spectateurs, James Luna s'expose en tant qu'être aussi vivant<br />

qu'eux, partageant <strong>les</strong> mêmes référents culturels, le même monde.<br />

L'œuvre invite le visiteur du musée <strong>à</strong> faire l'expérience des cultures amérindiennes<br />

d'une autre façon. Elle ajoute une dimension de proximité et d 'ironie <strong>à</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion que le<br />

musée instaure entre le public et l'altérité culturelle exposée. En figeant <strong>les</strong> objets derrière<br />

des vitrines, le musée tend <strong>à</strong> figer <strong>la</strong> perception des cultures d 'où proviennent ces objets.<br />

Dans Th e Archive and the Repertoire: Performing Cultural Memory in the Americas, Diana<br />

Taylor écrit (2003, p . 66) :<br />

Museums have long taken the cultural Other out of context and iso<strong>la</strong>ted it,<br />

reducing the live to a dead object behind g<strong>la</strong>ss. Museums enact the knower-<br />

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