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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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Dans le travail de Houle, <strong>les</strong> représentations conventionnel<strong>les</strong> de l'amérindianité ne sont<br />

pas qu'un répertoire de clichés <strong>à</strong> détourner dans un combat symbolique contre une vision<br />

réductrice des Premières Nations; el<strong>les</strong> participent de son histoire personnelle, comme c'était<br />

aussi le cas pour Lori Blondeau. Dans le catalogue d'exposition Honouring Tradition: Re­<br />

framing Native Art, Terrance Houle (Carter, 2008, p. 140) évoque ainsi l'image de son père<br />

« in his traditional dance regalia who often stood proudly, wearing feathers, breechcloth,<br />

bustle and beaded adornments at powwows ».Pour l'artiste, <strong>la</strong> figure de l'Amérindien vêtu<br />

de façon traditionnelle et cérémonielle (plumes, pagne, parure de per<strong>les</strong>) n'est pas qu'un<br />

cliché, une construction imaginaire; elle correspond <strong>à</strong> l'image de sa propre culture. « 1 grew<br />

up Powwow Dancing and doing ceremonies. [. . .} My family were ali pow wow dancers or<br />

created pow wow regalia and ceremonial abjects », dit-il en entrevue (Ga<strong>la</strong>s, 2010, en ligne).<br />

La tenue vestimentaire utilisée par Houle dans Urban lndian et dans un certain nombre de ses<br />

œuvres ne vise donc pas tant <strong>à</strong> se réapproprier un <strong>stéréotype</strong> perpétré par ceux qui font de<br />

1 'amérindianité une marchandise ou par <strong>les</strong> indianophi<strong>les</strong> qui jouent aux Indiens et<br />

s'inventent des cérémonies. Elle s'inscrit plutôt dans une tradition culturelle et familiale, une<br />

image personnelle et positive, qu'il perpétue ici dans un contexte qui n'est pas associé <strong>à</strong><br />

l'amérindianité, pour montrer qu'elle ne se résume pas <strong>à</strong> un passé lointain ou aux pow-wows.<br />

« My father made it a priority to show us how ta powwow dance, even if we had ta prac­<br />

tice in our living room », écrit Houle dans Honouring Tradition (Carter, 2008, p. 140), où il<br />

ajoute : « my work today as an m-tist honours the traditions, voices, histories and ways of my<br />

people ». Le sujet représenté dans Urban Jndian n' est pas tant un personnage ou alter ego,<br />

c'est Terrance Houle lui-même, dans le costume, fabriqué par sa mère, qu'il porte pour<br />

exécuter <strong>la</strong> Grass Dance dans des pow-wows. li ne s'agit pas d'un déguisement comme on<br />

peut en louer pour l'Halloween. Terrance Houle montre <strong>à</strong> travers sa série de photographies<br />

que porter une regalia fait partie de sa réalité au même titre que prendre le métro, travailler,<br />

acheter de <strong>la</strong> <strong>la</strong>itue ou des disques, embrasser son épouse ou prendre son bain. Derrière le jeu<br />

- car un Amérindien qui joue <strong>à</strong> l'Indien (qui joue <strong>à</strong> l'hotrune b<strong>la</strong>nc) ne fait pas que jouer - ,<br />

Terrance Houle, en plus de dénoncer <strong>la</strong> réduction imaginaire qui affecte <strong>les</strong> Premières Na­<br />

tions et d'effectuer un travail de disconvenance qui crée une brèche dans <strong>la</strong> représentation<br />

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