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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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À travers cette suite de mises en situation performatives réalisées pour l'objectif de <strong>la</strong><br />

caméra, Terrance Houle juxtapose deux <strong>stéréotype</strong>s : celui de l'Indien de pow-wow (tradi­<br />

tionnel, cérémoniel) et celui de l'homme ordinaire (travailleur, père de famille). Par ce rap­<br />

prochement, Urban Jndian souligne l'écart qui sépare, dans nos représentations imaginaires<br />

conventionnel<strong>les</strong>, <strong>les</strong> traditions amérindiennes et le monde occidental dit moderne. La série<br />

de Houle et Brown est un p<strong>la</strong>idoyer humoristique et décapant en faveur d'une représentation<br />

d'un sujet amérindien qui ne serait pas qu 'une figurine vivante ou une caricature sur deux<br />

pattes. L'artiste revendique le droit de représenter une amérindianité quotidienne, banale. Ces<br />

images nous disent que <strong>les</strong> Amérindiens ne sont pas toujours en train de danser et de faire des<br />

cérémonies ; ils peuvent travailler dans un bureau, faire des courses, prendre le métro et lire<br />

le National Geographie. Les clichés des Premières Nations ne <strong>la</strong>issent généralement pas de<br />

p<strong>la</strong>ce <strong>à</strong> cette banalité quotidienne. Dans le catalogue d'exposition Face the Nation, Catherine<br />

Crowston écrit <strong>à</strong> ce propos (2008, p. 7) : «Houle 's photographs forcefully yet ironically<br />

remind us that Aboriginal people are an integral part of modern urban !ife. »<br />

Houle dép<strong>la</strong>ce <strong>les</strong> <strong>stéréotype</strong>s vers un autre contexte. Avec ironie, il illustre qu'un Amé­<br />

rindien qui prend le métro n'est pas moins amérindien pour autant. Comme le remarque<br />

encore Crowston (ibid., p. 57) : « Houle uses juxtaposition and absurdity to de-authenticate<br />

the authentic Jndian and to shed light on the tragic innocence (or ignorance) with which we<br />

continue to live out our colonial histor/ 03 . » Pour l'artiste, l'amérindianité peut s'affirmer<br />

dans <strong>les</strong> lieux de <strong>la</strong> société contemporaine en tant que véritable fierté identitaire. Face <strong>à</strong> une<br />

vision figée des Premières Nations, nécessairement en conflit avec le temps présent, <strong>les</strong><br />

images performatives de Terrance Houle et Jarusha Brown véhiculent une critique visant <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

fois <strong>les</strong> clichés des cultures amérindiennes et ceux de <strong>la</strong> société capitaliste, que chaque image<br />

caricature de façon impitoyable. Pour Houle, cette démarche participe d'une forme de<br />

«gueril<strong>la</strong> art », comme il l'évoque en entrevue (Ga<strong>la</strong>s, 2010, en ligne). Dans une autre<br />

entrevue, il affirme (Morton, 2008, p . 29-30) :<br />

203 Traduction libre : « Houle utilise <strong>la</strong> juxtaposition et l'absurdité pour désauthentifler l'Indien authentique<br />

et pour mettre en lumière l'innocence (ou l'ignorance) tragique avec <strong>la</strong>quelle nous continuons<br />

<strong>à</strong> vivre notre histoire coloniale. »<br />

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