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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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Cette incohérence kitsch se retrouve également dans <strong>les</strong> costumes des performeurs. Dans<br />

son livre The New World Border, Guillermo G6mez-Pefia résume (1996, p. 97): « 1 was<br />

dressed as a kind of Aztec wrestler from Las Vegas, and Coco as a Taina straight out of<br />

Giligan's Is<strong>la</strong>nd. » Coco Fusco incarnait un personnage parfois nommé Miss Discover, ou<br />

encore Miss Discover 92. Comme elle le re<strong>la</strong>tait <strong>à</strong> une journaliste du LA Weekly (Carr, 1992,<br />

p. 37), l'artiste avait composé son déguisement <strong>à</strong> partir de trois ensemb<strong>les</strong> qu'elle s'était<br />

procurés dans un magasin de costumes et qu 'elle avait ensuite mé<strong>la</strong>ngés et légèrement modi­<br />

fiés. Elle portait ainsi une perruque faite de longs cheveux noirs tressés, un haut de bikini au<br />

motif léopard, une jupe de paille et des espadril<strong>les</strong> noires de marque Converse. Son visage<br />

était peint, et parfois aussi ses épau<strong>les</strong> et ses bras, de deux ou trois couleurs vives et contras­<br />

tées. Pour agrémenter son costume, elle portait parfois un chapeau, une casquette ou une fleur<br />

<strong>à</strong> ses cheveux, ainsi qu'un collier, des bracelets, des lunettes fumées ou encore une bandou­<br />

lière sur <strong>la</strong>quelle on pouvait lire« Miss Discover ».<br />

Tout aussi kitsch, le costume du spécimen mâle se composait d' une coiffe de plumes co­<br />

lorées, dont le devant était couvert de macarons; d'une cagoule comme ceux que portent <strong>les</strong><br />

lutteurs mexicains de lucha libre, <strong>à</strong> motif léopard ; d'un p<strong>la</strong>stron rappe<strong>la</strong>nt l' iconographie<br />

aztèque, sous lequel il était torse nu; d'un pagne rappe<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> même iconographie, sous lequel<br />

il portait généralement un caleçon-boxer ; et enfin des bottes de cow-boy. À cet attirail<br />

s'ajoutaient parfois des lunettes fumées et généralement des gants et bracelets de cuir noir<br />

avec des rivets de métal (aussi appelés studs), dignes de ceux que portent <strong>les</strong> amateurs de<br />

musique punks ou heavy métal, ou encore <strong>les</strong> adeptes de sado-masochisme. On pourrait<br />

décrire ce déguisement comme un étrange croisement entre <strong>les</strong> tenues vestimentaires du<br />

motard, du cow-boy et de« l'ln dien» du groupe Vil<strong>la</strong>ge People.<br />

À contempler ces deux Amérindiens pas-encore-découverts, on a le sentiment d' être en<br />

face de deux personnes qui, avec un petit budget, auraient décidé de se déguiser en Sauvages<br />

comme on le ferait pour une fête costumée. Proprement incorrects au niveau ethnographique,<br />

<strong>les</strong> costumes portés par <strong>les</strong> deux perfonneurs palticipent de <strong>la</strong> même exagération carnava<strong>les</strong>­<br />

que que <strong>les</strong> éléments du décor de <strong>la</strong> <strong>performance</strong>. Le cliché du Bon Sauvage est ici actualisé<br />

de manière sciemment inauthentique. Ce n'est que du toc, pourrait-on dire, volontairement<br />

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