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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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Le sarcasme se manifeste de manière peut-être moins frondeuse que dans <strong>la</strong> <strong>performance</strong><br />

initiale, mais participe d'un même pastiche transgressif d'un discours ethnographique objec­<br />

tivant. Par l'usage récurrent des mots « tradition » et « traditional », l'artiste se moque de <strong>la</strong><br />

propension <strong>à</strong> accorder une valeur anthropologique <strong>à</strong> tout ce qui touche <strong>les</strong> cultures autochto­<br />

nes. La dernière phrase du texte ridiculise pour sa part ce réflexe qui, utilisant de façon forcée<br />

ce que l'anthropologie appe<strong>la</strong>it jadis des « traits culturels » pour expliquer des comporte­<br />

ments, tend <strong>à</strong> émettre des interprétations « culturel<strong>les</strong> » hypothétiques. « This j ewelry may<br />

have been acquired », lisait-on plus tôt.<br />

Ces descriptions portent l'attention du visiteur sur <strong>la</strong> dimension culturelle mais égale­<br />

ment sur <strong>la</strong> féminité du corps exposé. « She anthropologizes the normal contemporary prac­<br />

tices offemale adornment », écrit Lara Evans (Blomberg, 2010, p. 82). À <strong>la</strong> manière d'une<br />

synecdoque, comme le soulignait Gerald McMaster <strong>à</strong> propos de <strong>la</strong> pièce de James Luna,<br />

Erica Lord met en scène l' objectivation qu'elle subit en tant qu'amérindienne et en tant que<br />

femme. La dimension féminine de l'œuvre marque une di fférence avec Th e Artifact Piece et<br />

vient souligner le caractère très masculin de <strong>la</strong> <strong>performance</strong> de Luna, qui comprenait des<br />

objets associés aux voitures et au baseball, ainsi que des récits de beuverie et de bagarre,<br />

alors qu'il est question ici de sujets nettement moins virils: mode vestimentaire, coupe de<br />

cheveux, piercings et vernis <strong>à</strong> ong<strong>les</strong>. Aux <strong>stéréotype</strong>s liés aux Premières Nations, Erica Lord<br />

ajoute ceux que l'on associe <strong>à</strong> <strong>la</strong> représentation de <strong>la</strong> féminité.<br />

La pratique artistique d'Erica Lord s'inscrit dans une réflexion sur l'identité culturelle et<br />

le genre sexuel, que l'on retrouve également chez Coco Fusco et Lori Blondeau , comme nous<br />

le verrons dans <strong>les</strong> prochains chapitres. Elle a notanunent réalisé en 2006 une série de photo­<br />

graphies, intitulée Tanning, où elle se met en scène avec des phrases, comme « 1 tan ta look<br />

more native » ou « colonize me », écrites plus pâ<strong>les</strong> sur sa peau bronzée. Une autre série<br />

photographique, Un/defined, produite en 2006, rappelle le travail de Cindy Sherman. Elle<br />

contient une vingtaine d 'autoportraits radicalement différents et, grâce <strong>à</strong> des déguisements,<br />

où elle est méconnaissable d'une image <strong>à</strong> l' autré 3 . La démarche d'Erica Lord poursuit un<br />

63 On peut voir cette série sur le site de <strong>la</strong> revue web The NAICA (Native American Indigenous Cinema<br />

and Arts) : http://www. thenaica.org/edi ti on two/images2/artist/artist.htm [j uillet 201 1].<br />

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